Le Royaume-Uni fournira des chars à l’Ukraine, de nouveau sous les missiles russes

LONDRES — Le premier ministre britannique Rishi Sunak a promis samedi de fournir des chars et des systèmes d’artillerie à l’Ukraine, au milieu de nouvelles attaques de missiles par Moscou visant plusieurs villes ukrainiennes pour la première fois en près de deux semaines.

Cinq personnes ont été tuées et plus de 20 blessées dans la ville de Dnipro, dans le sud-est du pays, où une frappe de missile russe a détruit une partie d’un immeuble, a déclaré le gouverneur régional Valentyn Reznichenko. Les photos montraient un grand vide dans le bâtiment de neuf étages.

Des infrastructures ont également été touchées dans la région ouest de Lviv et dans le nord-est de Kharkiv. Kyiv, la capitale, a également été visée.

Le premier ministre Sunak s’est engagé à fournir des chars Challenger 2 et d’autres systèmes d’artillerie après s’être entretenu samedi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a indiqué le bureau du dirigeant britannique à Downing Street dans un communiqué.

Il n’a pas précisé quand les chars seraient livrés ni combien. Les médias britanniques ont rapporté que quatre chars de combat principaux Challenger 2 de l’armée britannique seraient immédiatement envoyés en Europe de l’Est, et que huit autres suivraient peu de temps après, sans citer de sources.

M. Zelensky a publié sur Twitter ses remerciements à M. Sunak samedi «pour les décisions qui non seulement nous renforceront sur le champ de bataille, mais enverront également le bon signal aux autres partenaires».

L’Ukraine cherche depuis des mois à être approvisionnée en chars plus lourds, notamment les chars américains Abrams et allemands Leopard 2, mais les dirigeants occidentaux ont fait preuve de prudence.

La République tchèque et la Pologne ont fourni des chars T-72 de l’ère soviétique aux forces ukrainiennes. La Pologne s’est également déclarée prête à fournir une compagnie de chars Leopard, mais le président Andrzej Duda a souligné lors de sa récente visite dans la ville ukrainienne de Lviv que cette décision ne serait possible qu’en tant que partie d’une plus grande aide internationale.

Plus tôt ce mois-ci, la France a annoncé qu’elle enverrait des chars de combat légers de fabrication française AMX-10 RC en Ukraine. Les États-Unis et l’Allemagne ont indiqué la même semaine qu’ils enverraient respectivement pour la première fois des véhicules de combat Bradley et des véhicules blindés de transport de troupes Marder.

Immeuble détruit à Dnipro

L’annonce du premier ministre Sunak est intervenue alors que les forces russes ont tiré des missiles sur Kyiv et d’autres parties de l’Ukraine samedi, lors d’un premier bombardement majeur depuis des jours.

À Dnipro, les sauveteurs utilisaient une grue pour tenter d’évacuer les personnes coincées dans les étages supérieurs de l’immeuble, dont certaines se signalaient avec les lampes de poche de leurs téléphones portables, a déclaré le chef adjoint du bureau présidentiel ukrainien, Kirill Timoshenko, sur Telegram. Il a également dit qu’il y avait probablement des gens sous les décombres.

Dans la région du nord-est de Kharkiv, le gouverneur Oleg Sinegoubov a déclaré que deux missiles russes avaient de nouveau frappé des infrastructures samedi après-midi, à la suite d’une attaque similaire dans la matinée. Dans la ville de Kharkiv, le métro a été suspendu, selon sa chaîne Telegram.

Une autre infrastructure a été touchée dans la région ouest de Lviv, selon le gouverneur Maxime Kozytsky.

Des systèmes de défense aérienne ont également été activés dans d’autres régions d’Ukraine, et alors qu’une autre série de sirènes de raid aérien retentissait dans tout le pays dans l’après-midi, les responsables régionaux ont exhorté les résidents à se mettre à l’abri.

Vitaly Kim, gouverneur de la région sud de Mykolaïv, a laissé entendre dans une publication sur Telegram que certains missiles avaient été interceptés au-dessus de sa province.

Des missiles sur Kyiv

Plus tôt dans la journée, des explosions ont également secoué la capitale, Kyiv. Les explosions se sont produites avant le déclenchement des sirènes aériennes, ce qui est inhabituel. Il est probable que les explosions aient précédé les sirènes d’avertissement, car l’attaque a été menée par des missiles balistiques, qui sont plus rapides que les missiles de croisière ou les drones.

Selon le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne Yuriy Ihnat, la Russie a attaqué Kyiv avec des missiles balistiques venant du nord.

«La balistique n’est pas facile pour nous à détecter et à abattre», a-t-il déclaré aux médias locaux. L’avertissement concernant la menace des missiles a été tardif en raison du manque de données radar et d’informations provenant d’autres sources.

Une cible d’infrastructure a été touchée lors de l’attaque au missile du matin, selon des responsables ukrainiens.

Des explosions ont été entendues dans le district de Dnipropetrovsk, un quartier résidentiel sur la rive gauche du Dniepr, a déclaré le maire de Kyiv, Vitali Klitschko. Il a ajouté que des fragments d’un missile sont tombés sur une zone non résidentielle du quartier Holosiivskyi sur la rive droite, et qu’un incendie s’est brièvement déclaré dans un bâtiment. Aucune victime n’a été signalée jusqu’à présent.

Il s’agissait de la première attaque contre la capitale ukrainienne depuis le 1er janvier.

Dans la ville d’Avdiïvka, dans l’est de l’Ukraine, où les combats sont les plus intenses, trois personnes ont été tuées samedi dans des attaques d’artillerie russe, a déclaré le maire Vitali Barabash.

Les attaques font suite à des informations contradictoires sur le sort de la ville minière de sel de Soledar, très disputée, dans l’est assiégé de l’Ukraine. La Russie affirme que ses forces ont capturé la ville, un développement qui marquerait une rare victoire pour le Kremlin après une série de revers humiliants sur le champ de bataille.

La vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Maliar, a déclaré samedi que «les batailles féroces pour Soledar se poursuivent».

Moscou a dépeint la bataille pour la ville et la ville voisine de Bakhmout comme la clé pour capturer la région orientale du Donbass, qui comprend les régions partiellement occupées de Donetsk et de Louhansk, et comme un moyen d’écraser les meilleures forces ukrainiennes et de les empêcher de lancer des contre-attaques ailleurs.

Mais cela va dans les deux sens, car l’Ukraine affirme que sa défense féroce des bastions de l’Est a contribué à immobiliser les forces russes. Les responsables et analystes occidentaux affirment que l’importance des deux villes est plus symbolique que stratégique.

– Avec les informations d’Hanna Arhirova, à Kyiv