Commonwealth: le prince Charles cite les initiatives du Canada pour la réconciliation

KIGALI, Rwanda — Le Commonwealth semble être à la croisée des chemins, alors que le prince Charles plaide pour une nouvelle relation entre les nations et la Couronne et que le premier ministre Justin Trudeau tente de rapprocher un groupe divisé de dirigeants.

Le prince de Galles a ouvert vendredi la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à Kigali, au Rwanda, en réfléchissant à ses racines, qui «se plongent profondément dans la période la plus douloureuse de notre histoire», en parlant de l’impact durable de l’esclavage.

Il a proposé le Canada comme un exemple à suivre. Il a exhorté les participants à tirer des leçons des efforts de réconciliation autochtone accomplis par le Canada et à retenir des leçons du passé.

L’héritier du trône a ajouté que sa femme Camilla, la duchesse de Cambridge, et lui ont été profondément touchés le mois dernier lors de leur séjour au Canada par les témoignages de représentants de peuples autochtones et non autochtones qui, a-t-il dit, ont lancé une réflexion honnête sur les moments les plus sombres de leur histoire commune.

«Aussi difficile que puisse être cette conversation, les gens de partout au Canada l’abordent avec courage et un engagement inébranlable, déterminés à jeter les bases du respect et de la compréhension sur lesquelles un avenir meilleur peut être construit», a déclaré le prince Charles lors de la cérémonie d’ouverture.

«Il me semble qu’il y a des leçons à tirer de cela pour notre famille du Commonwealth», a-t-il ajouté.

Le prince Charles était au Rwanda pour représenter sa mère, la reine Elizabeth, et doit prendre la tête du Commonwealth après elle.

Bien que les chefs des 54 gouvernements du Commonwealth ne se soient pas rencontrés depuis quatre ans en raison de la pandémie de COVID-19, plusieurs dirigeants éminents ont choisi de ne pas assister aux réunions de cette semaine. Cela inclut le premier ministre indien Narendra Modi et le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui ont tous deux choisi d’assister à un sommet virtuel avec la Russie, la Chine et le Brésil à la place.

Le nouveau premier ministre australien Anthony Albanese, dont le gouvernement a exprimé ses aspirations à rompre les liens avec la monarchie, est également resté chez lui.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré qu’il ne s’agit pas d’une voie que le Canada souhaite emprunter.

«Nous savons que la monarchie est une source de stabilité, a-t-elle déclaré aux journalistes. Il y a tellement d’instabilité dans le monde en ce moment que les Canadiens s’attendent à ce que nous traitions de nombreux autres problèmes.»

Dans son discours d’ouverture, le prince Charles a déclaré à l’assemblée que chaque pays est libre de déterminer sa propre relation constitutionnelle avec la Couronne, ouvrant la porte à des nations comme l’Australie dont les gouvernements aspirent à former une république.

Il a également souligné que les liens historiques avec la monarchie britannique ne sont plus une condition d’adhésion au Commonwealth. Le Rwanda n’est pas une ancienne colonie, mais a rejoint l’association volontairement en 2009.

La version moderne du Commonwealth a été établie en tant que collection de nations indépendantes en 1949, quelques années seulement avant que la reine ne commence son règne.

La secrétaire générale du Commonwealth, Patricia Scotland, a évoqué la vision de la reine pour le Commonwealth dans son discours aux dirigeants. Face à l’inflation, aux conflits mondiaux et aux impacts de la pandémie mondiale, Mme Scotland a déclaré qu’il était impératif que la vision de la reine perdure.

«Ce ne sera pas facile. Nous devons avoir confiance les uns envers les autres. Nous devons nous parler, nous écouter et donner tout ce que nous avons pour réaliser des avancées pour les 2,5 milliards de personnes que nous représentons tous», a-t-elle déclaré.

Pendant ce temps, M. Trudeau a également tenté d’influencer l’orientation future du Commonwealth à sa manière, lors d’une série de réunions exécutives et bilatérales avec ses homologues internationaux.

Il s’est assis pour une rencontre en tête-à-tête avec le président rwandais et hôte du sommet, Paul Kagame. M. Trudeau a poursuivi dans la voie du discours du prince de Galles de confronter et de surmonter le passé et est revenu sur sur sa visite au mémorial du génocide de Kigali.

Il a déclaré avoir eu le privilège de visiter le site, «mais aussi de voir à quel point le Rwanda s’est développé au cours des dernières années».

L’invasion russe en Ukraine

L’objectif de M. Trudeau est de rallier les pays du Commonwealth aux objectifs climatiques du Canada et à sa vision de l’invasion russe de l’Ukraine.

Une rencontre prévue avec le président de la commission qui sert de secrétariat à l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a été reportée.

L’Union africaine a été au centre d’une lutte acharnée de l’Ukraine et de la Russie pour son soutien, alors que la guerre se poursuit en Ukraine, entraînant une flambée mondiale du coût du carburant et de la pénurie de céréales.

M. Trudeau a également rencontré le premier ministre d’Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, qui a salué l’action du Canada contre les changements climatiques, et le président zambien nouvellement élu, Hakainde Hichilema.

Samedi, les dirigeants assisteront à une retraite pendant la majeure partie de la journée avant de clôturer le sommet. Ensuite, M. Trudeau devrait s’envoler pour l’Allemagne où il assistera au G7 dans les Alpes bavaroises.