La Ville de Winnipeg ordonne aux manifestants de rétablir l’accès à la décharge

WINNIPEG — La Ville de Winnipeg a ordonné aux manifestants qui bloquaient l’accès à une décharge en guise de soutien à la recherche des restes de deux femmes autochtones de quitter les lieux. 

Dans un courriel, la Ville indique qu’elle a donné un ordre d’évacuation conformément au règlement sur la gestion des urgences vendredi après-midi aux manifestants, exigeant qu’ils rétablissent l’accès complet à la décharge du chemin Brady d’ici lundi midi.

Le courriel indique que le fonctionnement complet de la décharge et du dépôt est essentiel «pour la collecte des déchets afin d’éviter la contamination de l’environnement et des eaux souterraines à proximité». 

Il mentionne également que le blocage est une violation des règlements municipaux et des dispositions de la législation provinciale, et expose la Ville au risque de violer les exigences des permis environnementaux.

Le blocage a commencé jeudi à la suite de la décision du gouvernement du Manitoba de ne pas fouiller un site d’enfouissement séparé au nord de la ville, appelé le site d’enfouissement de Prairie Green, où les restes de Morgan Harris et Marcedes Myran auraient été jetés.

Jeremy Skibicki fait face à des accusations de meurtre au premier degré en lien avec leur mort ainsi que pour la mort de Rebecca Contois, dont les restes partiels ont été retrouvés l’année dernière à la décharge municipale du chemin Brady.

«Les participants au blocage ont confirmé qu’ils n’avaient pas l’intention d’autoriser l’accès à l’installation de sitôt», indique le courriel de la Ville, notant qu’une route menant à la décharge Brady est complètement bloquée.

«Dans le passé, nous avons coopéré avec les individus qui organisaient des manifestations pacifiques d’une manière qui ne posait pas de risque pour l’environnement ou le public. Nous avons déterminé que ces actions constituent une urgence pour la santé et la sécurité des citoyens de Winnipeg et les utilisateurs de l’installation.»

La Ville de Winnipeg avait publié un avis sur son site Web plus tôt cette semaine indiquant que la décharge Brady était fermée jusqu’à nouvel ordre, mais n’a pas précisé pourquoi.

L’automne dernier, Ottawa a financé une étude de faisabilité sur une éventuelle recherche de la décharge privée de Prairie Green. Cette étude a été réalisée par l’Assemblée des chefs du Manitoba (AMC) à la suite des nombreuses réactions suscitées par la décision de la police de ne pas fouiller la décharge.

Les conclusions de cette étude publiées le mois dernier indiquaient qu’une recherche était possible, mais qu’elle ne garantirait pas que les restes des femmes seraient retrouvés. On précisait que les chercheurs devraient travailler à travers des tas de matières dangereuses et que l’effort global pourrait prendre jusqu’à trois ans, coûtant environ 184 millions $. 

Le fait de ne pas rechercher les femmes causerait une «détresse considérable» à leurs familles et enverrait un mauvais message à l’ensemble de la communauté autochtone, qui, selon le rapport, «ne mérite pas qu’on lui dise qu’elle est une ordure». 

La première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, a déclaré que la province ne soutiendrait pas la recherche des femmes là-bas en raison des risques pour la santé et la sécurité.

L’Assemblée des chefs du Manitoba a condamné jeudi la décision de ne pas fouiller la décharge.

«L’AMC croit fermement que l’inaction et le refus du gouvernement d’engager des fonds envoient un message désolant à travers la province et le pays que la vie des Premières Nations n’a pas d’importance pour le gouvernement provincial.

«Le refus de financer les recherches perpétue la douleur et l’angoisse vécues par les familles des victimes. Il sape les efforts de réconciliation et de partenariats significatifs entre le gouvernement et les Premières Nations.»

L’AMC ajoute que les problèmes de sécurité ont été abordés dans l’étude de faisabilité et n’ont pas été soulevés par les responsables provinciaux lors de la rédaction de l’étude.

L’ancienne chef de la GRC, Brenda Lucki, a déclaré l’année dernière que la police n’était pas équipée pour gérer les complexités de la fouille de la décharge.

Mme Lucki, qui a démissionné de son poste de commissaire en mars, a fait savoir dans des documents obtenus par La Presse Canadienne par une demande en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, que le site d’enfouissement contenait de l’amiante et d’autres gaz toxiques, dont de l’ammoniac.

Les chefs des Premières Nations et les membres de la communauté ont demandé la fermeture permanente de la décharge du chemin Brady.

Une femme non identifiée que les dirigeants autochtones ont nommée Mashkode Bizhiki’ikwe, ou «Femme Buffle», serait également une autre des victimes de M. Skibicki. La police a dit qu’elle ne savait pas où se trouvait sa dépouille.