L’AFPC réclame l’intervention de Justin Trudeau dans les négociations

OTTAWA — Le président national de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) réclame l’intervention du premier ministre fédéral Justin Trudeau dans les négociations.

Chris Aylward a aussi dénoncé samedi la lenteur des présentes négociations entre le syndicat et le gouvernement. 

Au cours d’une conférence de presse, il a déclaré que le syndicat avait présenté jeudi une série de propositions aux négociateurs fédéraux, mais ceux-ci n’auraient encore pas répondu. 

Il s’en est pris à la présidente du Conseil du trésor, Mona Fortier. «Cela démontre vivement l’incompétence de Mona Fortier et de son équipe, a-t-il lancé aux journalistes. Le premier ministre n’a rien fait pour faire progresser les négociations. Nos membres en sont marre.»

Le cabinet de Mme Fortier a réagi une heure plus tard, affirmant qu’il avait tenté en vain de rencontrer vendredi la partie syndicale. Une réunion prévue samedi après-midi a été annulée neuf minutes après avoir été convenue.

Il a reconnu avoir reçu de nouvelles offres tout en mettant en doute la chronologie proposée par M. Aylward. Il a soutenu qu’il lui avait été impossible de joindre le syndicat à la table des négociations pendant toute la journée de vendredi. Il y est finalement parvenu samedi par l’intermédiaire d’un médiateur. Il comptait présenter une contre-offre à 13h, mais accuse le syndicat d’avoir torpillé ce plan.

«L’AFPC a pris trois heures pour répondre à la demande, acceptant la réunion à 12h31, puis à 12h40,  indiquant qu’elle n’était plus disponible à ce moment-là. Pendant que nos négociateurs et notre offre attendaient, M. Aylward a préféré d’aller à la télévision pour se plaindre qu’il n’avait pas reçu l’offre», dans un message publié par Mme Fortier sur Twitter.

Le cabinet dit avoir constaté que le syndicat «avait peu évolué» dans ses demandes. Toutefois, les pourparlers ont repris après la conférence de presse de l’AFPC.

Les quelque 155 000 membres de l’AFPC ont déclenché mercredi une grève à l’échelle du pays. Selon le syndicat, près du tiers de la fonction publique fédérale a cessé le travail. Pendant la grève, des services essentiels sont assurés, notamment aux services frontaliers et dans les services correctionnels, a déjà indiqué l’Alliance.

M. Aylward a profité de l’occasion pour lancer quelques mots d’encouragement aux grévistes.

«Restez forts! Ne les laissons pas nous épuiser. On doit demeurer sur les piquets de grève jusqu’à ce que nous obtenions la bonne entente que nos membres méritent.»

Le Secrétariat du Conseil du trésor avait révélé lundi avoir bonifié son offre salariale dans le but de recueillir l’adhésion de l’Alliance. Il offre maintenant 9 % d’augmentation sur trois ans.

Mais l’Alliance a jugé cela insuffisant, elle qui demande 4,5 % par année pendant trois ans.

Le syndicat réclame de plus grandes augmentations salariales et une amélioration des conditions de travail. Il demande aussi que ses membres aient toujours la possibilité de faire de travailler de chez eux.

Jeudi, la Commission des relations de travail et de l’emploi dans le secteur public fédéral était préoccupée par le faible taux de participation lors du vote de grève qui a conduit plus de 100 000 fonctionnaires à débrayer cette semaine.

Elle a conclu que l’AFPC n’a pas correctement informé ses membres qu’elle avait écourté la période de vote de huit jours, déplaçant du 19 au 11 avril la fin du vote de grève.

Environ 35 % des membres de l’unité de négociation ont voté, soit 38 207 personnes, mais 80 % d’entre eux étaient en faveur de confier un mandat de grève à leur exécutif syndical.

Malgré cela, la commission n’a pas annulé le vote, car il est très probable que le résultat aurait été en faveur de la grève, puisque l’appui était très élevé chez ceux qui ont voté.

M. Aylward a reconnu qu’il était regrettable que tous les membres du syndicat n’aient pas la chance de participer au vote.

«Accroître la participation est un enjeu pour tous les syndicats, les organisations et les gouvernements, petits ou grands. L’AFPC a donné l’occasion à un grand échantillon de membres d’exercer leur droit de vote. Nous avons organisé près de 100 réunions pour le vote.»

Il ajoute que le syndicat avait publicisé le vote par l’envoi de courriels, par les réseaux sociaux, par des annonces numériques et par le bouche-à-oreille.