Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges exceptionnellement ouvert pour la fête des Mères

MONTRÉAL — Des familles endeuillées ont appelé dimanche le premier ministre François Legault à s’impliquer dans un conflit de travail qui bloque l’accès à l’un des plus grands cimetières du Canada depuis cinq mois.

Les portes de fer forgé du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal, sont fermées depuis la mi-janvier, au déclenchement d’une grève par les employés de bureau et d’entretien, à l’exception de quelques jours au début du printemps.

Plus de 250 dépouilles n’ont toujours pas pu être enterrées cette année en raison du conflit de travail, selon Daniel Granger, porte-parole de la fabrique de la paroisse Notre-Dame, qui possède le cimetière.

Celles-ci sont entretemps entreposées sur place, en état de congélation. «C’est juste impossible de faire des enterrements avec le nombre limité de personnes que nous avons sur le site en ce moment», a-t-il expliqué. 

«En bref, nous devons offrir des services aux familles avec seulement huit personnes, en même temps que de nettoyer le site, qui s’étend sur 139 hectares», a-t-il dit.

Siégeant sur le flanc nord du mont Royal, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges a été exceptionnellement ouvert pour la fête des Mères, dimanche, de 9h à 15h. Plusieurs sections n’étaient toutefois pas accessibles au public à cause de dommages aux arbres causés par le verglas du mois dernier.

Jimmy Koliakoudakis, qui est venu au cimetière avec des fleurs à la main, pour sa mère qui est décédée en février, a dénoncé une situation «inhumaine» et «sans dignité». «Je ne peux même pas les déposer sur la tombe de ma mère: elle est dans un congélateur, a-t-il déploré. Nous demandons au gouvernement d’intervenir. Nous souffrons.»

On s’attend à ce qu’un médiateur dépêché par le gouvernement provincial propose un compromis dans les prochains jours ― une initiative que le ministre du Travail, Jean Boulet, a soulignée comme faisant partie de ses efforts pour régler la situation.

«Ce conflit du travail dure depuis trop longtemps et il est temps qu’il soit résolu», a-t-il affirmé par voie de communiqué, tout en soulignant que les travailleurs «peuvent exercer leur droit de grève».

«Rien ne bouge»

Dimanche, une longue file de voitures s’est formée près du cimetière et embouteillait les rues avoisinantes. Le son des klaxons résonnait d’ailleurs particulièrement fort dans ce quartier habituellement tranquille.

Nick Di Perna, dont la fille, l’épouse, la mère, le père, la tante et l’oncle sont enterrés à Notre-Dame-des-neiges, a conduit depuis Toronto pour venir se recueillir.

«Je suis resté pris pendant une heure, je pensais que c’était à cause d’un chantier de construction», a-t-il dit. Son petit-fils a réussi à mettre le pied dans le cimetière à un endroit où la grille était tordue, mais M. Di Perna a dû rester à l’extérieur.

Environ 90 ouvriers d’entretien sont sans contrat depuis 2018 et en grève depuis janvier, selon des représentants du syndicat. De plus, 17 employés de bureau ont fait de même en décembre, n’ayant pas de convention collective depuis 2017.

«Nous sommes toujours en mode urgence», a dit le président du syndicat des employés de bureau, Éric Dufault. «Cela a été un désastre pour la qualité du service (…) nous avons essayé de négocier ces cinq dernières années, et rien ne bouge», a-t-il déclaré.

La situation actuelle ressemble à celle de 2007, où une autre grève avait aussi retardé l’inhumation de plus de 300 dépouilles.

Les deux syndicats disent que les salaires et la quantité d’employés demeurent des points de contention. Les travailleurs gagnent environ 70 000 $ par année, selon l’employeur.

Jeudi, sur Twitter, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a appelé «les parties à poursuivre les négociations pour assurer l’accès au cimetière».