Trois territoires signent, laissant le Québec seul sans accord avec Ottawa en santé

OTTAWA — Les Territoires du Nord-Ouest, le Yukon et le Nunavut ont tous signé jeudi l’offre de financement de la santé du premier ministre Justin Trudeau, laissant le Québec le seul exclu des nouveaux accords.

M. Trudeau a présenté son offre aux premiers ministres provinciaux et territoriaux en février alors que des politiciens locaux, des médecins, des infirmières et des défenseurs de la santé faisaient part de leurs inquiétudes concernant une crise nationale des soins de santé.

L’accord verrait le gouvernement fédéral transférer 196 milliards $ aux provinces et aux territoires au cours des 10 prochaines années en échange d’engagements à améliorer massivement la collecte de données sur les soins de santé et les dossiers médicaux numériques.

L’offre comprend 17 milliards $ de nouvelles dépenses en plus des transferts fédéraux existants en matière de santé et 25 milliards $ pour des ententes adaptées aux besoins particuliers de chaque province.

En février, les premiers ministres avaient signalé qu’ils accepteraient, même si l’offre du premier ministre Trudeau était bien en deçà de ce qu’ils espéraient.

Les dirigeants territoriaux ont laissé entendre qu’ils étaient déçus de l’offre et ont demandé au gouvernement fédéral d’investir davantage dans le Fonds d’investissement-santé pour les territoires, qui aide à payer les déplacements médicaux et les autres coûts de prestation des soins de santé dans le Nord.

Le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a déclaré qu’il y avait eu une percée dans les négociations avec les territoires après que le gouvernement fédéral a accepté d’investir 350 millions $ dans ce fonds au cours des 10 prochaines années.

«Les besoins en soins de santé dans les territoires sont importants, a déclaré M. Duclos lors d’une conférence de presse en ligne jeudi. Les coûts pour répondre à ces besoins sont également très importants pour toutes sortes de raisons évidentes.»

Les coûts d’embauche de travailleurs peuvent être plus élevés et de nombreuses communautés du Nord sont plus isolées, a-t-il souligné. Il existe également de nombreuses communautés des Premières Nations et autochtones qui ont été mal desservies par les soins de santé publics au fil des ans.

Les dernières ententes font du Québec la dernière province à tenir tête aux nouvelles conditions que le gouvernement fédéral a imposées pour l’obtention du financement.

Chaque province qui signe l’accord a été chargée de proposer un «plan d’action» qui comprend des objectifs mesurables et des échéanciers pour améliorer les soins de santé.

Le premier ministre du Québec, François Legault, était l’un des dirigeants provinciaux les plus virulents appelant à un accord avec Ottawa, mais s’est hérissé de devoir se rapporter à Ottawa sur le respect de certains objectifs.

M. Duclos a déclaré que son bureau négociait toujours avec le Québec.

«Il y a eu des allers-retours, a affirmé M. Duclos à propos des pourparlers. Nous savons à quel point il est important pour les Québécois de bénéficier de l’investissement fédéral supplémentaire pour soutenir les patients et les travailleurs de la province.»

Ottawa n’a pas encore reçu d’objectifs ou d’échéanciers des provinces, et le financement supplémentaire ne sera pas versé avant que cela ne se produise.

Le gouvernement fédéral espère avoir les plans d’action en main avant la fin de l’exercice en mars, afin que l’argent mis de côté dans le budget 2023 puisse être distribué rapidement.

Entre-temps, le gouvernement fédéral a réparti 2 milliards $ entre les provinces, dont le Québec, pour répondre aux besoins urgents.

Les premiers ministres espéraient que l’offre de Justin Trudeau puisse être considérée comme un acompte sur des pourparlers à long terme sur la santé pour négocier un flux de financement plus soutenu.

Le rassemblement estival annuel des premiers ministres aura lieu à Winnipeg la semaine prochaine et le financement de la santé sera assurément à l’ordre du jour du Conseil de la fédération.

M. Duclos a déclaré jeudi que le gouvernement libéral était prêt à renégocier les ententes individuelles sur mesure avec chaque province une fois la période de trois ans terminée.