Une canicule frappe la C.-B. et l’Alberta: ces anomalies avant l’été inquiètent

Une vague de chaleur inhabituelle pour le mois de mai qui a fait grimper les températures de 10 à 15 degrés au-dessus de la normale dans certaines parties de l’Ouest canadien devrait être considérée comme un avertissement pour se préparer à des vagues de chaleur dangereuses en dehors de la période estivale normale, selon des chercheurs.

Les températures inhabituellement chaudes qui ont commencé vendredi persistent dans toute la Colombie-Britannique et l’Alberta cette semaine, augmentant les risques de feux de forêt et d’inondations, déclenchant des avertissements de chaleur et forçant des milliers de personnes à quitter leur domicile.

Bien que la température actuelle ne soit pas aussi sévère que celle du dôme de chaleur qui a tué des centaines de personnes en juin 2021 en Colombie-Britannique, des scientifiques affirment que des températures aussi élevées et prolongées en mai sont très inhabituelles, et l’Ouest canadien connaîtra probablement d’autres vagues de chaleur de ce type dans les années à venir.

Joseph Shea, professeur agrégé en géomatique environnementale à l’University of Northern British Columbia, affirme que les résidents de l’Ouest canadien «doivent s’adapter à un avenir plus chaud».

Selon lui, la région aurait été confrontée à une «situation de dôme de chaleur similaire» si le phénomène météorologique à l’origine du pic de température s’était produit en juin ou en juillet.

Environnement Canada a émis un avertissement de chaleur pour la majeure partie de la moitié nord de l’Alberta, commençant juste au nord d’Edmonton, couvrant des communautés allant de Grande Prairie et High Level à Fort McMurray et Cold Lake.

Un avertissement a également été émis pour la côte nord de la Colombie-Britannique, incluant les villes de Kitimat et de Terrace, avec des prévisions des températures élevées qui s’échelonneront jusqu’à la longue fin de semaine qui s’en vient. 

L’avertissement d’Environnement Canada indique qu’un panache d’air chaud restera en place au-dessus de certaines parties de la Colombie-Britannique jusqu’à jeudi, portant les températures maximales à près de 30 °C et les minimums pendant la nuit à 15 °C.

Une grande partie du reste des régions côtières et de l’intérieur de la province reste concernée par des bulletins météorologiques spéciaux en raison d’une vague de chaleur qui a fait grimper les températures à plus de 30 °C dans de nombreuses localités au cours de la fin de semaine. 

Plusieurs secteurs ont battu des records de température, dont Agassiz, qui a atteint 31,6 °C, et Fort Nelson, qui a atteint 28,1 °C.

Évacuations

Les effets de la vague de chaleur ont d’ailleurs commencé à se faire sérieusement ressentir lundi, alors que la Ville de Fort St. John, dans le nord-est de la Colombie-Britannique, a demandé à ses quelque 21 000 habitants de se préparer à quitter leur domicile en raison d’un feu de forêt qui s’est étendu sur plus de 130 kilomètres carrés.

L’alerte d’évacuation indique que tous les résidants doivent se préparer à partir rapidement en raison du danger potentiel que représente l’incendie pour la vie et la santé.

Le service de lutte contre les incendies de forêt de la province classe le feu de Stoddart Creek parmi les cinq incendies de forêt dignes d’intérêt dans la province, tous situés près de la frontière avec l’Alberta, dont trois sont hors de contrôle.

Une réserve des Premières Nations et une municipalité voisine dans le sud des Territoires du Nord-Ouest ont aussi reçu l’ordre d’évacuer.

Toutes ces nouvelles évacuations s’ajoutent à celles qui sévissent déjà en Alberta, où près de 20 000 personnes ont dû fuir leur domicile en raison des incendies de forêt qui s’accumulent depuis une semaine.

Les vagues de chaleur suscitent moins l’attention 

La professeure adjointe à l’École de gestion des ressources et de l’environnement de l’Université Simon Fraser, Andreanne Doyon, rappelle que «nous ne sommes pas censés avoir une chaleur de 10 à 15 degrés supérieure à la moyenne en mai».

«Nous savons que des choses comme les vagues de chaleur vont être plus fréquentes, elles vont être plus graves et elles vont se produire à des moments de l’année où elles ne l’étaient pas auparavant», poursuit-elle. 

La Pre Doyon dit qu’elle est particulièrement préoccupée par des centres urbains comme Vancouver, Calgary et Edmonton, où les infrastructures telles que la chaussée et le béton absorbent plus de chaleur que le feuillage et les paysages naturels.

«Les vagues de chaleur sont parfois qualifiées de catastrophes naturelles les plus meurtrières (…) parce qu’elles sont une chose à laquelle les gens ne prêtent pas beaucoup attention», dit-elle.

«Avec les feux de forêt que connaissent actuellement la Colombie-Britannique et l’Alberta, les photos sont extrêmes, et il est vraiment tragique que nous n’ayons pas été en mesure de communiquer de la même manière la gravité des vagues de chaleur et de leurs impacts». 

L’intérieur de la Colombie-Britannique a été particulièrement touché par les inondations et les incendies ce printemps, notamment le village de Cache Creek, où les inondations du début du mois ont forcé les gens à quitter leurs maisons et endommagé les autoroutes.

Le maire de Cache Creek, John Ranta, affirme que le gouvernement provincial a commencé à travailler sur une partie de la route 97 qui a été emportée par les inondations, mais il n’est pas certain que le fait de remettre cette zone dans l’état où elle était avant les inondations suffira à résoudre les problèmes d’inondation à venir.

Il a ajouté que Cache Creek a été inondé quatre des cinq dernières années et qu’une quelconque solution permanente est nécessaire.

«Je ne sais pas exactement ce que c’est. Les gens ont parlé d’un pont, les gens ont parlé d’oublier le pont et de laisser un canal là-bas pour que la rivière passe et n’utilise plus cette route, ce genre d’idées», a-t-il précisé. 

La ville prévoit de commencer à collecter des dons pour les personnes touchées par les inondations qui ne pouvaient pas se permettre une assurance coûteuse contre les inondations.