Des vedettes de CBC croient que le réseau doit prendre des risques dans ses émissions

Les derniers projets de la CBC, le pendant anglophone de la Société Radio-Canada, visant à diminuer ses coûts en réduisant son personnel et sa programmation, soulèvent des questions pointues sur ce qui l’attend.

Au milieu d’un déficit prévu et d’un resserrement de la ceinture attendu, des vedettes actuelles et anciennes de la CBC affirment que le diffuseur public devrait donner la priorité aux émissions qui prennent des risques et qui reflètent la diversité du tissu national.

Et si l’argent manque, plusieurs célébrités ont exhorté les dirigeants à renoncer aux bonis.

«S’il s’agit de l’argent des contribuables, je ne pense pas que quiconque devrait recevoir une prime, vraiment, pour quoi que ce soit, à moins d’avoir complètement sauvé la mise», a déclaré l’acteur de la série «La Famille Critch», Mark Critch, à La Presse Canadienne à la fin du mois de décembre.

«Si quelqu’un trouve un remède contre la COVID, donnez-lui un boni.»

Les primes des dirigeants étaient un point sensible pour la vedette de CBC, qui a maintenu ses commentaires lorsqu’il a été contacté à nouveau à la mi-février, après que la directrice générale Catherine Tait n’a pas exclu d’accepter une prime cette année. Mme Tait a déclaré à la fin du mois de janvier devant un comité fédéral du patrimoine que c’était au conseil d’administration de CBC de déterminer qui recevrait les primes.

La CBC a annoncé en décembre qu’elle supprimerait 800 emplois et 40 millions $ de son budget de production en raison d’un déficit prévu de 125 millions $ au cours du prochain exercice financier, qui débutera le 1er avril.

Cependant, Patrimoine canadien a publié jeudi des documents montrant que la CBC recevra un budget de 1,4 milliard $ en 2024-2025, soit une augmentation de 96,1 millions $ qui, selon le ministère, est principalement liée aux augmentations de salaire.

Le porte-parole de la CBC, Leon Mar, a déclaré que l’annonce de financement «réduirait, mais n’éliminerait pas» le déficit et que «d’importantes pressions financières» persistaient, notamment la hausse des coûts de production, la baisse des revenus publicitaires télévisuels et la concurrence des plateformes numériques.

Le diffuseur a déclaré que les contraintes budgétaires entraîneraient également une diminution du nombre de renouvellements et d’acquisitions, de nouvelles séries télévisées, d’épisodes d’émissions existantes et de séries originales numériques.

Si les fonds se font rares, les observateurs ont pressé la CBC de se concentrer sur des émissions qui reflètent la diversité de la population du pays et de prendre des risques que les chaînes privées ne prendraient normalement pas.

«La CBC ne devrait pas être aussi redevable envers les annonceurs, car ils ne sont pas obligés de rechercher des audiences de la même manière que les réseaux privés. Ils peuvent prendre des risques et ils devraient faire quelque chose d’un peu différent», a indiqué Gregory Taylor, professeur de médias et de cinéma à l’Université de Calgary.

Il a cité des émissions comme «Family Feud Canada», une version canadienne du jeu télévisé américain, comme exemple de la façon dont le diffuseur mise sur la sécurité. 

Idéalement, a déclaré M. Taylor, la CBC devrait produire des émissions plus «inventives» comme «Sort Of», sa comédie dramatique récemment terminée sur un millénarial pakistanais canadien à l’identité de genre fluide, équilibrant diverses identités.

Les nouvelles émissions cette année incluent la comédie dramatique «Gangnam Project» de CBC Kids, qui suit une adolescente canadienne d’origine coréenne qui accepte un emploi de professeure d’anglais à l’étranger et qui se retrouve immergée dans le monde de la K-pop. La série, qui sera diffusée en première le 6 mars sur CBC Gem, s’appuie en partie sur les expériences de la créatrice Sarah Haasz, une immigrante coréenne de première génération vivant au Canada.

Joseph Kay, créateur de la série à succès «Transplanté» sur CTV et directeur de la série dramatique «This Life» de CBC en 2015, s’inquiète aussi des conséquences des coupures du diffuseur sur l’avenir de la programmation originale au Canada.

À la fin de l’année dernière, la ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, a déclaré que le gouvernement fédéral formerait un comité pour commencer à chercher un nouveau directeur de CBC au début de 2024. Le mandat de Mme Tait expirera en janvier 2025.

M. Critch a soutenu que le remplacement idéal ferait de CBC «une chaîne dont les Canadiens ont l’impression qu’elle est la leur, qu’elle parle d’une seule voix et qu’ils s’y sentent chez eux».

Il a déclaré que le nouveau directeur devrait s’assurer que le diffuseur représente les diverses régions du pays et ne diffuse pas uniquement des émissions qui, selon eux, seront achetées par les réseaux américains.