De jeunes entrepreneurs qui ont la région à cœur

Le Coup d’œil a rencontré trois jeunes entrepreneurs d’ici qui sont en affaires depuis peu.  Si leurs domaines d’activité diffèrent, ils partagent cependant une chose : un fort sentiment d’appartenance envers leur région.  Leur positionnement géographique leur permet d’avoir facilement accès aux marchés de la Rive-Sud et de Montréal, tout en leur permettant de tirer profit de leur réseau de contacts, qu’ils ont créé au fil des ans en demeurant dans leur région.

Stéphane Bucquet a démarré son entreprise, «Pure Horticulture», basée à St-Rémi, en 2012.  Avec deux partenaires, son frère, Anthony Bucquet et Steve Houle, ils produisent plus de 500 variétés de fleurs vivaces et annuelles, de fines herbes et des plants de légumes, en serre.

 «J’ai travaillé pendant 10 ans pour la compétition, mais j’ai un côté entrepreneur en moi», explique M. Bucquet, un Français d’origine, qui est au Québec depuis 20 ans.  S’il s’est d’abord installé dans la région de Sorel, l’entrepreneur est à St-Rémi depuis plusieurs années et il ne voudrait jamais travailler ailleurs.  «J’ai mes enfants ici.  Si l’entreprise qu’on a achetée s’était trouvée à St-Michel, on l’aurait pas fait.»  M. Bucquet estime n’avoir rencontré aucune difficulté  à s’intégrer à son arrivée dans la région.  «Les gens ici sont très ouverts d’esprit.  St-Rémi, c’est cosmopolite.»

Son entreprise, qui emploie cinq personnes, compte présentement 15 serres et les clients peuvent acheter leurs produits directement sur place ou encore à leur point de vente au Marché Atwater, à Montréal.  Les produits s’adressent tant aux particuliers qu’aux paysagistes.  M. Bucquet et ses partenaires ont notamment obtenu d’intéressants contrats avec les municipalités de Candiac et de St-Constant ainsi qu’avec un arrondissement de la Ville de Montréal.  

Cette année est plus difficile pour la jeune entreprise.  Avec toute cette pluie, les gens sont moins enclins à acheter des fleurs.  M. Bucquet ne s’en inquiète pas vraiment et malgré tout, il ne compte pas ses heures de travail.  «Je travaille 100 heures par semaine, il faut aimer ça!  On est motivés, c’est la passion.  Je n’arrive jamais ici à reculons.» 

Dans un avenir rapproché, le jeune entrepreneur souhaite se démarquer par la qualité de ses produits.  «J’aimerais que la marque «Pure Horticulture» soit reconnue comme étant des produits de qualité supérieure.  Par exemple, on fait des tomates sans utiliser de pesticides, seulement de l’engrais naturel.  On essaie d’avoir un produit le plus propre possible.» 

À partir du mois d’août, l’entreprise veut explorer un nouveau marché et vendre des légumes biologiques à son point de vente du Marché Atwater.  Si les consommateurs répondent bien, ils pourraient éventuellement les produire eux-mêmes, d’ici quelques années.

Un emplacement stratégique

Patrice Fortin et ses partenaires, Ariane Duquette et André Hébert, ont démarré en 2010 l’ébénisterie «Créations ébène», à St-Cyprien-de-Napierville.  Pour ce jeune entrepreneur, qui a travaillé pendant 20 ans en ébénisterie avant de se lancer en affaires, l’aide du Centre local de développement (CLD) et la proximité de grands axes routiers ont grandement contribué au succès de la compagnie.

Son équipe et lui conçoivent et installent des armoires de cuisine et des vanités de salle de bain, mais ils fabriquent aussi des pièces uniques, faites sur mesure, à la demande des clients.   Ils travaillent de plus les matériaux anciens et aiment leur redonner vie. Ils ont ainsi récupéré une porte de garage pour en faire un garde-robe d’entrée et ils ont fabriqué une magnifique table de salle à manger conçue à partir de planches de grange.  On peut d’ailleurs admirer certaines de leurs réalisations sur leur site Internet.  Tout est fait sur place, dans leur atelier qui se situe derrière la maison.  Ils offrent aussi le service de designer, puisque Mme Duquette est spécialisée dans ce domaine. 

M. Fortin tenait à démarrer son entreprise dans la région.  «Je suis un gars du coin.  J’avais ma maison ici et j’ai mon atelier.  Pourquoi payer un gros loyer en s’installant ailleurs?  De toute façon, nous sommes placés stratégiquement, près des autoroutes 30 et 15.  Développer notre région, c’est important pour nous et le Centre local de développement (CLD) nous a beaucoup aidés.» 

Fort d’un important réseau de contacts, M. Fortin a installé son entreprise dans sa région, mais dessert des clients un peu partout, sur la Rive-Sud de Montréal, aussi loin que Bromont ou Dunham.  «Quand les gens ont su que je partais en affaires, ils sont venus me voir», explique-t-il. 

L’entreprise, qui emploie trois personnes, en plus des trois partenaires, se porte très bien et son succès repose sur la qualité de son produit.  «Les gens qui n’ont pas de solution viennent nous voir.  Mon point d’honneur c’est d’être proche du client, d’être à l’écoute et de faire de la qualité.  Les gars dans la shop le savent : si c’est pas parfait, tu recommences!, affirme M. Fortin.  Avec nos idées à moi et Ariane et la qualité du travail de l’équipe menée par André, on forme une équipe gagnante.» 

Pour l’avenir, M. Fortin espère pouvoir fabriquer des meubles, des pièces uniques, qui pourront être vendus dans certaines boutiques plus spécialisées, sans toutefois dénaturer l’entreprise telle qu’elle se présente actuellement.  «Je ne veux pas devenir gros.  Je l’ai déjà fait, mais ça nous éloignerait de nos clients.»

La force d’un réseau

Sébastien Yelle a démarré son entreprise de location de conteneurs, «Conteneurs S. Yelle», il y a bientôt trois ans.  Ce résident de Sherrington a ouvert un bureau à Napierville et un autre à LaPrairie.  Il se spécialise dans la location de conteneurs d’une capacité de 20 verges et moins, qui sont utilisés tant par les particuliers que les entrepreneurs en construction ou en rénovation. 

M. Yelle est de la région et il tenait à démarrer son entreprise ici.  «Je suis de la région et de toute façon, je couvre toute la Rive-Sud, jusqu’à Verdun et LaSalle… mais je ne suis pas friand de la ville.» 

Lui aussi a su profiter de son réseau de contacts en restant dans sa région et cela lui a assuré une clientèle dès le départ.  «J’ai beaucoup d’amis qui sont entrepreneurs en construction et ils étaient toujours en train de critiquer leurs services de conteneurs.  Avant, j’étais directeur des ventes et j’ai eu du succès avec les deux compagnies pour qui j’ai travaillé, alors je me suis dit que j’étais aussi bien de partir à mon compte.»

Les affaires vont rondement pour M. Yelle qui, depuis la première année, a quintuplé son chiffre d’affaires. Présentement, il possède un camion et une quarantaine de conteneurs qu’il livre à ses clients.  Dans un an ou deux, il aimerait faire l’acquisition d’un deuxième camion et d’une trentaine de conteneurs de 40 verges, afin de pouvoir diversifier son offre. 

«La Rive-Sud représente un bon marché et j’ai beaucoup de clients qui m’attendent pour des conteneurs de 40 verges», explique M. Yelle.  Bien que la compétition soit féroce, M. Yelle est confiant.  «Il faut rester alerte face à la compétition, mais avec mon service et de bons prix, je ne suis pas inquiet.  Je ne suis plus en démarrage, je suis en expansion.  En démarrage, c’est un problème, mais en expansion, c’est un beau problème.»

M. Yelle a lui aussi reçu une aide précieuse du CLD, qui l’a appuyé dès le départ.  «Je crois que toutes les entreprises qui démarrent devraient passer par le CLD.  Ça augmente tes chances de réussir de 85%.  Le premier conseil qu’ils te donnent, c’est de ne pas partir en peur et de surveiller tes dépenses!»