Recherche sur l’irrigation de précision de la laitue: cinq producteurs d’ici remportent un prestigieux prix

RECONNAISSANCE – Cinq producteurs de laitue de la région ont reçu le prix Synergie pour l’innovation des mains du gouverneur général du Canada, David Johnston, à Rideau Hall, le 16 février. Ce prix est décerné par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) pour souligner les mariages réussis entre le milieu universitaire et l’entreprise privée. 

Robert Guérin de Vert Nature, Denys Van Winden de Production Horticole Van Winden, Stéphane Van Winden de Delfland, Jean-Claude Guérin de JPL Guérin et Jean-Bernard Van Winden de Ferme Hotte et Van Winden participent depuis 2007 à un projet de recherche avec le professeur Jean Caron de l’Université Laval.

Ils ont élaboré une technique d’irrigation de précision de la laitue à l’aide de capteurs qui mesurent en temps réel le taux d’humidité dans le sol.

Les travaux de M. Caron ont conduit au développement d’un logiciel de gestion de l’irrigation appelé AGIRRSOL. Ce logiciel tient compte des dates de plantation, du niveau d’humidité du sol et des prévisions météorologiques. Il permet ensuite la prescription d’un arrosage qui est adapté aux terres de chaque maraîcher qui ont toutes été cartographiées.

Problématique

Ce logiciel leur permet d’arroser au bon endroit au bon moment et ainsi d’éviter les pertes qui peuvent parfois atteindre jusqu’à 40 % des récoltes, en raison de la grande fragilité du légume.  

«Un manque d’eau qui dure quelques heures peut déclencher un désordre physiologique appelé brûlure de la pointe, explique le professeur Caron dans un article signé par Jean Hamann, publié dans le journal universitaire Le Fil, en février. Ce problème provoque l’apparition de taches noires sur les feuilles et il réduit considérablement la durée de conservation des laitues.

Lorsque 15 % des plants sont touchés, le champ est abandonné ou partiellement récolté, ce qui entraîne des pertes importantes pour les maraîchers.»

Résultats

Cette méthode d’irrigation a fait ses preuves. En 2012, les agriculteurs anticipaient des pertes de 40 % de leur récolte en raison de la canicule. Mais grâce à leur système d’irrigation de précision, seulement 4 % des laitues ont été perdues.

Tous les agriculteurs pourront éventuellement bénéficier de cette technologie qui sera relativement abordable. On parle de quelques milliers de dollars pour l’achat du logiciel et des capteurs qui permettent de suivre en temps réel le niveau d’humidité du sol sur un téléphone intelligent.

Ce prix s’accompagne d’une bourse de 500 000 $. Elle servira à financer une nouvelle recherche qui doit porter sur la conservation des terres noires qui disparaissent à vue d’œil.

«On a perdu un mètre d’épaisseur depuis 1960», explique Denys Van Winden. «Si rien n’est fait, ces terres pourraient être épuisées d’ici 35 à 75 ans, soutient M. Caron. Ce serait un dur coup parce que 35 % de la production maraîchère du Québec en dépend.»