Adeptes du piégeage: des coureurs des bois des temps modernes

Faune – Normand Marceau et Pierre Martin pratiquent tous les deux le piégeage. Amants de la nature et des animaux, c’est en partie pour cette raison qu’ils s’adonnent à cette activité qu’ils considèrent davantage comme un métier qu’un sport.

Normand Marceau pratique le piégeage depuis deux ans. Il est un adepte de la chasse au chevreuil et à l’orignal. «Je suis à la retraite et j’aime me promener dans le bois l’hiver en raquette pendant des heures», explique-t-il. Cette passion pour la marche en forêt l’a amené vers le piégeage qu’il peut pratiquer dans les bois derrière sa maison, à Lacolle.

Quant à Pierre Martin, il piège depuis une quarantaine d’années, à Saint-Bernard-de-Lacolle où il réside, mais aussi à Hemmingford et à Havelock. Il est le président de l’Association des trappeurs Montréal/Laval/Montérégie.

Préjugés

Les deux piégeurs font souvent face à la critique de gens qui méconnaissent leurs activités. «Ça fait juste deux ans que je pratique le piégeage et j’ai des amis qui me disent: Hein? Tu tues des animaux? rapporte M. Marceau. C’est parce qu’ils sont mal informés.»

Contrairement au temps de la Nouvelle-France, il ne s’agit plus de capturer des animaux pour faire le commerce de leur fourrure.

Au Québec, une formation théorique est requise pour obtenir son permis de piégeage. Un manuel de plusieurs centaines de pages doit pratiquement être appris par cœur. Les bénéfices du piégeage, la façon d’installer les pièges et la façon de traiter les animaux une fois qu’ils sont attrapés sont traités dans l’ouvrage. Le futur piégeur doit aussi se soumettre à un examen théorique et pratique.

Bénéfices

La période de piégeage s’étend du mois de novembre au mois de février. C’est le moment idéal pour capturer les animaux à fourrures parce qu’à ce moment de l’année, leurs petits sont assez matures pour pouvoir passer l’hiver sans leurs parents. Il s’agit aussi de la période annuelle où la fourrure des animaux est la plus fournie.

Le piégeage n’est pas simplement pratiqué pour faire la vente de fourrure, explique M. Martin. Les municipalités font appel aux piégeurs pour capturer les castors qui provoquent les inondations des champs des agriculteurs en dressant des barrages sur les différentes rivières de la région.

Les particuliers réclament aussi l’aide des piégeurs lorsque, par exemple, une famille de ratons laveurs élit domicile dans le grenier de leur maison.

Enfin, le gouvernement requiert l’expertise des piégeurs notamment pour disperser des appâts vaccinaux pour prévenir la rage chez le raton laveur.

Le piégeage est particulièrement utile pour contrôler les populations de certains animaux qui sont parfois trop importantes, principalement en raison des activités humaines.

Il faut souvent agir en prévention pour éviter que certains individus ne deviennent nuisibles. «Si tu attends qu’ils soient nuisibles au printemps ou à l’été, tu enlèves la mère et les petits risques de mourir de faim», précise M. Martin.

Métier

Ce sont là plusieurs raisons pour lesquelles M. Martin considère le piégeage davantage comme un métier qu’un loisir. «Contrairement à la chasse ou à la pêche sportive, quand une municipalité ou un particulier te demande d’attraper un animal nuisible, tu ne peux pas revenir les mains vides, dit-il. Ce n’est pas un sport, c’est une profession.»

M. Martin précise que la pratique du piégeage est encore plus réglementée que la chasse. «Chaque espèce animale a sa réglementation, explique-t-il. On doit utiliser des pièges différents en fonction des espèces que l’on capture et ils sont tous certifiés pour une capture sans cruauté.»

Une fois les animaux capturés, le piégeur retire leur fourrure, la dégraisse et la fait sécher. Les fourrures sont ensuite vendues à l’encan. Chacune d’elle est identifiée à son propriétaire et on constitue des lots en fonction de l’espèce, la longueur, la couleur, la qualité et la période de l’année où l’animal a été pris. La valeur des fourrures est déterminée en fonction de ces critères et selon la demande.

La majorité des fourrures provenant du Québec sont vendues en Europe, en Chine et en Russie.  

 

Des pièges volés

Normand Marceau s’est récemment fait voler deux pièges qu’il avait installés avec la permission du propriétaire d’un terrain adjacent à sa résidence. Il souhaite ardemment que le voleur lui rapporte ses pièges. On peut le contacter au 450 246-3230.

 

Quelques statistiques

Les 17 municipalités couvertes par le Coup d’œil font partie d’une unité de gestion des animaux à fourrure qui s’étend du fleuve Saint-Laurent, jusqu’à la Baie Missisquoi, entre l’autoroute 10 et la frontière américaine.

Selon les données les plus récentes du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, les trappeurs et les chasseurs d’animaux à fourrure de cette zone ont déclaré la vente de 7380 rats musqués, 1361 ratons laveurs, 425 castors, 319 renards roux, 266 coyotes, 126 pékans, 102 visons, 60 martres, 53 écureuils, 47 moufettes et 38 loutres en 2011-2012.

Prix moyen payé pour une fourrure à l’encan en 2015

Raton laveur: 12,71$

Castor: 24,19$

Rat musqué (moyen): 3,17$

Coyote: 33,67$

Mouffette: 7,52$

Renard roux: 25,11$

Vison: 15,45$

Pékan (moyen): 52,75$

Loutre: 56,14$