Campagne «J’adhère à l’innovation»: les maraîchers veulent créer un fonds pour la recherche

AGRICULTURE – L’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ) sollicite l’appui des agriculteurs pour créer un fonds qui serait dédié à la recherche, à l’innovation et au transfert technologique. Les producteurs qui veulent appuyer cette campagne, intitulée J’adhère à l’innovation, seront invités à le signifier en remplissant un formulaire.

L’APMQ a réalisé une préconsultation au courant de l’été. Les agriculteurs rencontrés se sont montrés intéressés. Partant de là, l’APMQ lance sa véritable consultation qui débutera lors des Journées horticoles et grandes cultures, à Saint-Rémi.

«L’objectif est d’aller chercher entre 100 et 150 signatures d’agriculteurs représentant 70 % du volume de la culture maraîchère du Québec, explique André Plante, directeur général de l’APMQ. On va ensuite soumettre ça à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec.»

Ce fonds permettrait aux agriculteurs d’avoir accès à des subventions gouvernementales qui souvent leur échappent. «Certains programmes demandent 25 % à 30 % d’argent privé, affirme M. Plante. De plus, les producteurs seuls ne seront pas capables de faire face à la règlementation et les nouvelles lois sur les pesticides.»

Fonctionnement

Le fonds d’innovation serait constitué à partir de la hausse de 0,1 point de pourcentage de la contribution annuelle des agriculteurs au programme Agri-Québec, qui passerait de 3,2 % des ventes nettes admissibles (VNA), à 3,3 %. Cette contribution serait obligatoire.

Pour une ferme moyenne, dont les VNA sont de 640 000 $, la contribution au fonds d’innovation maraîcher serait de 640 $ par année, estime l’APMQ.

Considérant que le secteur maraîcher québécois génère environ 300 M$ annuellement, ce 0,1 % permettrait de verser 300 000 $ dans ce fonds.

En contrepartie, cette somme permettrait aux producteurs d’avoir accès à environ 1,7 M$ annuellement provenant de différents partenaires et de programmes gouvernementaux, pour un total de 2 M$, selon l’APMQ. «Si on va chercher 2 M$ de subventions, c’est pas pire, pense M. Plante. On n’a jamais eu ça au Québec !»

C’est la Financière agricole qui administrerait le fonds. Un conseil d’administration distinct de celui de l’APMQ serait chargé de prioriser les axes de recherches financés à même ce fonds d’innovation.

«On va viser les cultures qui ont un impact majeur au Québec, soutient M. Plante. Il va y avoir des enjeux communs, comme la préservation des terres noires en Montérégie-Ouest. Elles baissent chaque année et il risque de ne plus y en avoir dans 30 ans. Il faut trouver des solutions.»

«On a une multitude de centres de recherches et le gouvernement distribue un peu d’argent à chacun, mais ce n’est pas toujours en fonction de nos priorités.»

-André Plante, directeur général de l’APMQ

Compétition

Le fonds d’innovation maraîcher assurerait aux producteurs québécois de demeurer compétitifs dans un marché où de nombreux joueurs se font la lutte.

«On perd 1 % de part de marché par année depuis dix ans au profit de l’Ontario, qui est notre plus gros compétiteur, explique M. Plante. Les agriculteurs ontariens sont mieux organisés et ils investissent deux fois plus que nous dans le secteur maraîcher.»

Futur

L’APMQ souhaite que ce fonds d’innovation soit mis en place dès 2018, pour le secteur maraîcher. «On ne veut pas forcer les producteurs à embarquer, mais je suis hyper encouragé, dit M. Plante. Tout le monde signe et on est supportés par les fonctionnaires.»

Éventuellement, l’objectif serait de convaincre l’ensemble des secteurs agricoles de contribuer à ce fonds. «Si on amène ce projet au bout, ce sera plus facile pour les différents secteurs d’adhérer, dit M. Plante. Le fonds pourrait alors passer de 300 000 $ à 900 000 $ par année.»