Cultures détruites par les pluies abondantes: les agriculteurs demandent une aide immédiate

Agriculture. Des représentants de plusieurs associations d’agriculteurs ont convié les médias à une conférence de presse, le 4 août, à la ferme Forino Produce, à Sainte-Clotilde. Ils lancent un cri d’alarme et réclament une aide d’urgence immédiate au gouvernement du Québec, pour les aider avec la perte de leurs cultures en raison des pluies diluviennes qui s’abattent sur leurs terres depuis plusieurs semaines.

Pierre-Luc Barré, vice-président Prépelage des Producteurs de pommes de terre du Québec, Pascal Forest, président des Producteurs de légumes de transformation du Québec, Michel Sauriol, président de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec, Catherine Lefebvre, présidente de l’Association des producteurs maraîchers du Québec qui est aussi à la tête de l’entreprise Maraîchers L&L à Saint-Michel, ainsi que Martin Caron, président de l’Union des producteurs agricoles, étaient présents lors de cette conférence de presse.

Plusieurs agriculteurs sont en grande détresse. Ils se demandent s’ils vont avoir quelque chose à récolter en septembre ou en octobre.

Catherine Lefebvre

Demandes

La fréquence et l’intensité des anomalies météorologiques des derniers mois ont nui aux récoltes et causé des dommages exceptionnellement élevés dans la majorité des régions du Québec. Plusieurs producteurs horticoles sont confrontés à des ennuis financiers majeurs et se questionnent sur leur avenir, plaident-ils.

C’est la raison pour laquelle les agriculteurs demandent une intervention gouvernementale immédiate. Ils réclament aussi une mise à jour des programmes d’assurance récolte.

 »Nous demandons que ces programmes soient revus et que d’ici là, nous soyons couverts contre les conséquences des changements climatiques », dit Catherine Lefebvre.

Elle cite l’exemple des sinistrées des feux de forêt ou des inondations, qui ont reçu de l’aide financière d’urgence.  »C’est un peu ça qu’on vit cette année, affirme l’agricultrice. Nous demandons au gouvernement d’aider les entreprises touchées, pas tous les producteurs maraîchers. On travaille pour ceux qui ne seront pas capables de repartir en 2024 et il va y en avoir beaucoup. »

Dommages

Si ses terres ont été relativement épargnées par les aléas de la météo, à Saint-Michel, ce n’est pas le cas de ses collègues situés à Hemmingford et Sherrington.

 »Ils ont commencé avec six pouces d’eau en juin et depuis, il pleut aux deux jours, explique Mme Lefebvre. C’est sûr que les cultures ne sont pas capables d’absorber ça. »

À la mi-juillet, les agriculteurs ont rencontré le responsable des cours d’eau à la MRC des Jardins-de-Napierville au sujet de la problématique de débordement des rivières L’Acadie et Norton.  »Nous avons sommé la MRC d’agir, mais elle a les mains liées parce que ça doit d’abord passer par le ministère de l’Environnement », précise Mme Lefebvre.

Hausse des coûts

En 2020, Mme Lefebvre a perdu 40 acres de betteraves. Elle a subi d’autre pertes importantes en 2022, en raison de la météo. À ces pertes s’ajoutent les coûts de production qui ne cessent de grimper et qui excèdent parfois le prix de vente de ses légumes.

 »Présentement, un boîte de choux se vend 8 $, mais mon coût de production est de 11,30 $, déplore Mme Lefebvre. Depuis la pandémie, le coût des boîtes de carton vides a augmenté de 60 %. Pour nous, la main-d’oeuvre représente aussi un coût direct important, avec les nombreuses hausses du salaire minimum. »

Programmes

Les programmes d’assurance récolte auxquels les agriculteurs ont droit ont été conçus il y a une trentaine d’années. Ils doivent être actualisés, pense Mme Lefebvre.

 »Ces programmes ne couvrent pas toutes les cultures. C’est le cas pour l’ail, le chou-rave, les fines herbes, le bok choy et les cerises de terre, par exemple, précise-t-elle. Certaines couvertures d’assurances sont aussi mal faites et ne correspondent pas à notre calendrier de semis. »

Ces programmes remboursent environ 35 % des coûts de production.

 »Lors d’une année normale, où on perd 10 ou 15 acres, ces programmes font le travail, sauf que cette année, on parle de 50 % à 70 % de pertes, indique Mme Lefebvre. Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a dit qu’il étudie ce qui se passe et qu’il reste à l’écoute. Le chantier de mise à jour des programmes doit commencer en 20252026, mais quand on a une année comme celle qu’on connait, il faut aller plus vite. »

Pénurie

Si rien n’est fait, plusieurs agriculteurs dans le secteur maraîcher pourraient cesser leurs activités, craint Mme Lefebvre.

 »C’est catastrophique tout ce que j’entends, conclut-elle. La quantité et la qualité de légumes qui vont être entreposés au Québec est vraiment incertaine. Par exemple, on approvisionne normalement d’autres pays en pommes de terre. Si on doit maintenant en importer, je ne pense pas que ces pays vont en avoir produit 50 % de plus pour nous les vendre. Comment va-t-on faire pour nous approvisionner ? Va-t-il rester quelque chose sur les tablettes ? C’est ma plus grande crainte. »