Démission du maire de Napierville

À quelques mois des élections, le maire de Napierville, Alain Fredette, a annoncé avec éclat qu’il démissionnait lors de la dernière séance du conseil municipal, le 4 juillet. Visiblement excédé par les commentaires et les questions qui lui étaient adressées par la vingtaine de citoyens présents, le politicien en poste depuis plus de douze ans s’est levé et a mis fin à la période de questions réservée aux citoyens, en déclarant qu’il en avait assez et qu’il se retirait.

«Ça fait 50 ans que je travaille au service de la ville!  J’ai été pompier pendant 40 ans, sans que ça me rapporte quoi que ce soit!», a-t-il déclaré.  Il a finalement mis fin à la période des questions en se levant de son siège.  Il s’est adressé à la directrice générale, Ginette Pruneau, en lui déclarant à haute voix qu’il remettait sa démission.  «Ma lettre est dans le char», a-t-il lancé, laissant entendre qu’elle était déjà écrite, avant même le début de l’assemblée.

Rencontré lors d’un événement public lundi, le conseiller municipal Jacques Delisle nous a confirmé que M. Fredette a remis une lettre de démission à Mme Pruneau tout de suite après l’assemblée.  Selon ses dires, M. Fredette se retire définitivement et il ne terminera pas son mandat, des élections étant prévues au mois en novembre.  «J’ai été maire par intérim par le passé, mais cette fois, j’ai perdu le titre d’intérim et je vais agir à titre de maire jusqu’aux prochaines élections», a déclaré M. Delisle.  

Nous avons tenté à plusieurs reprises de rejoindre M. Fredette, mais au moment d’écrire ces lignes, il n’avait toujours pas donné suite à nos demandes d’entrevue. Le Coup d’œil a aussi déposé une demande d’accès à l’information pour obtenir copie de la lettre de démission du politicien.

Des séances mouvementées

Il y a quelques mois, un groupe d’une quinzaine de citoyens s’est présenté au conseil municipal afin de signifier leur désaccord face au projet d’aménagement de nouveaux terrains de soccer sur un terrain appartenant à la municipalité.  Le conseil municipal a voté en faveur de ce nouvel aménagement.

Les mois suivants, le même groupe de citoyens s’est présenté à chaque séance afin d’intervenir sur les différents enjeux et projets discutés lors de ces rencontres citoyennes.  Le ton a souvent monté et les invectives fusaient de part et d’autre.

Lors de la dernière séance du conseil municipal, le maire avait réussi à obtenir la collaboration des citoyens afin qu’ils réservent leurs questions pour la période prévue à cet effet.  Cependant, plusieurs dossiers présentés ont fait l’objet de controverse, notamment celui de la vocation de la vieille caserne de pompier, située derrière l’édifice du comté, qui abrite le CLD. 

Un citoyen avait demandé que l’on conserve cet édifice afin qu’il soit rénové et donné à la Société St-Vincent-de-Paul.  La municipalité a fait produire une évaluation par un entrepreneur qui, dans son rapport, concluait que les travaux à effectuer excédaient largement la valeur du bâtiment puisque selon lui, la toiture, la fenestration, l’isolation et  le revêtement extérieur devaient être refaits.  Le conseil a donc voté en faveur de sa démolition.  Des citoyens ont reproché au maire de ne pas avoir entretenu l’édifice, ce qui selon eux, aurait permis de l’utiliser aujourd’hui.  Certains conseillers ont fait mention d’une étude qui a été produite en 2006 et qui soulevait déjà une problématique importante au niveau de la toiture.

Dossiers chauds

Des citoyens et le maire de St-Cyprien-de-Napierville, André Tremblay, qui assistait à la séance du conseil, ont aussi reproché à M. Fredette la lenteur du processus de remplacement du camion de pompier muni d’une échelle.  Une inspection réalisée il y a quelques mois par une firme spécialisée concluait que le camion n’est plus conforme aux normes de sécurité.

«Nous allons nous assoir ensemble et nous allons discuter, a répondu M. Fredette en s’adressant à M. Tremblay.  Il n’y a pas de cachette.  Dès que la décision sera prise, nous allons vous en informer.»  M. Tremblay a interpellé le maire croyant qu’une entente était déjà conclue entre les parties, entente qui prévoyait que chacune des deux municipalités allait investir 200 000$, afin de faire l’acquisition d’un nouveau camion à échelle. 

«Il me semblait qu’on avait convenu d’un montant de 400 000$.  On dirait que pour vous, ce n’est pas une priorité», a-t-il affirmé, invitant M. Fredette à assister à la prochaine séance du conseil municipal de St-Cyprien.  «J’ai un décorum et je n’irai pas à votre conseil municipal, a affirmé M. Fredette.   Mes conseillers doivent rencontrer les conseillers de St-Cyprien et ils vont prendre une décision.»

Plus tard, toujours lors de la période de questions, des citoyens ont remis en cause la décision de construire une toilette bordant la piste cyclable.  Ce projet semblait se concrétiser plus rapidement que celui de l’achat du camion à échelle, ce qui aurait dû représenter la priorité selon eux.  Le maire leur a répondu que la municipalité bénéficiait d’une subvention dédiée à ce projet et qu’ils devaient aller de l’avant sans quoi ils risquaient de la perdre.  Il expliquait que les sommes attribuées à cet aménagement n’auraient pas pu être utilisées pour l’achat du camion à échelle.