Directeur de la Sûreté du Québec à Napierville: Martin Lessard sauve des vies en transportant des organes
PORTRAIT – Depuis près de 20 ans, le sergent Martin Lessard de la Sûreté du Québec (SQ) travaille bénévolement avec l’Association canadienne des dons d’organes et de tissus. Il coordonne le transport d’organes d’un hôpital à un autre. Le 1er mars, il a reçu la Médaille du souverain des mains du gouverneur général du Canada, David Johnston, pour souligner son implication. Le Coup d’œil a profité de l’occasion pour l’interviewer.
Pourquoi avez-vous décidé de vous impliquer dans cette cause ?
«J’ai une jeune sœur qui est décédée en 1990. J’avais 18 ans. Mes parents avaient autorisé le prélèvement de ses organes et ça m’avait marqué. J’étais aux études et je me suis dit quand je serais embauché par un corps policier, je m’impliquerais. En 1999, j’ai commencé comme conducteur bénévole et, depuis 2001, je suis coordonnateur des 25 policiers bénévoles de la région de Montréal. Je fais aussi moi-même des transports à l’occasion. S’il y a un message à transmettre, c’est que le don d’organes, il faut en parler avant que ça aille mal. Quand la décision est déjà prise, c’est plus facile. Dans le cas de mes parents, ç’a été oui immédiatement.»
Quel est votre rôle à titre de coordonnateur des policiers bénévoles ?
«L’Association canadienne des dons d’organes et de tissus est un organisme sans but lucratif qui possède une douzaine de véhicules répartis dans différents services de police comme la SQ, la GRC, le SPVM, Laval, Sherbrooke, etc. Chaque corps de police s’occupe de son véhicule. Celui de la SQ est stationné en permanence au quartier général sur la rue Parthenais à Montréal et il ne sert qu’à ça. J’ai une pagette sur moi 24 heures par jour et 365 jours par année. Je reçois des appels de Transplant Québec qui gèrent les listes d’attente et qui connaissent les receveurs d’organes. Quand je reçois un appel, j’ai une liste d’environ 25 policiers bénévoles que je peux appeler pour faire le transport. C’est arrivé à quelques reprises que je reçoive un appel au jour de l’An ou à Noël.»
À quelle fréquence répondez-vous à des appels et combien de temps disposez-vous pour le transport ?
«Je reçois environ 60 appels par année, en plus des transports que je fais moi-même. Quand on reçoit un appel, on met notre uniforme, on va chercher le camion au quartier général et on va à l’hôpital. Le transport se fait en mode urgence, mais de manière sécuritaire. J’ai fait un transport en fin de semaine qui a pris 12 heures. Mon plus long a été 20 heures. Il faut parfois amener une équipe médicale avec nous pour qu’elle fasse le prélèvement des organes avant de les transporter vers un autre hôpital. J’ai aussi déjà fait un transport avec l’hélicoptère de la SQ, mais c’est rare. Parfois, seulement 30 minutes peuvent faire la différence.»
Comment réagissez-vous au fait d’avoir été décoré par le gouverneur général pour votre implication ?
«C’est un policier bénévole qui a fait les démarches à mon insu. J’ai su ça cet automne. Ç’a été une surprise! Il y avait tout un décorum autour de ça. On prend conscience de toute l’importance du bénévolat qu’on a fait. Ça fait 18 ans que je fais ça. Ça commence à être long, mais je ne vois pas le jour où je vais arrêter. La SQ n’a jamais refusé un transport. On a déjà transporté un cœur à Noël. Quand j’ai appelé le policier bénévole, il a tout de suite dit oui. Si un samedi soir de juillet je ne trouve personne, je mets mes culottes et j’y vais.»
Ce travail est-il plus gratifiant que celui de policier ?
«C’est connexe à mon travail de policier, dont la mission est aussi de sauver des vies de différentes façons. C’est parallèle parce que je le fais bénévolement, mais pour moi, ça fait partie de mon mandat. Ma conjointe travaille dans le domaine hospitalier et elle comprend. C’est un mode de vie. On sait qu’il y a une vie au bout de ça.»
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