Ferme CFR à Saint-Rémi: un retour à la terre pour deux préretraités

PORTRAIT – Françoise Bienvenue et Claude Richer ont la terre dans le sang. Après avoir occupé mille et un métiers, ils ont décidé de concrétiser leur rêve, celui d’acheter une terre et de vendre leurs produits de la ferme qui, sans être certifiés biologiques, sont exempts de tout produit chimique. 

M. Richer a commencé à travailler au champ à l’âge de 12 ans. Plus tard, il a étudié pour devenir ébéniste. «J’aimais ça, mais quand le printemps arrivait, j’avais toujours hâte [de retourner travailler à la ferme]», confie-t-il.

Après avoir terminé sa formation, la récession frappe dans les années 1980. Les emplois sont rares et M. Richer décide de poursuivre son travail à la ferme.

Mme Bienvenue a suivi un parcours similaire. Jusqu’en 2014, elle faisait de l’intervention sociale. «À 22 ans, j’avais une ferme qui était presque autosuffisante, à Saint-Hyacinthe, dit-elle. Mon cœur a toujours été à la terre.»

Le déclic s’est fait en 2014. M. Richer était au chômage et Mme Bienvenue venait de perdre son emploi. Ils ont mis la main sur une terre de 7,5 arpents à Saint-Rémi qu’ils ont d’abord louée à d’autres agriculteurs, jusqu’à ce qu’ils décident de l’acquérir.

Écologie

Ce qui distingue la ferme CFR, c’est que les propriétaires n’utilisent aucun pesticide chimique. «On est à contre-courant de l’agriculture conventionnelle, explique M. Richer. Ce n’est pas facile, mais c’est mieux que de manger du poison.»

À titre d’exemple, tout le désherbage est fait manuellement. S’ils arrosent leurs plantes, c’est avec un herbicide qu’ils ont concocté à base de sel d’Epsom et de vinaigre. «L’herbicide, c’est ce qui est le plus dangereux, pense M. Richer. Si ça tue ce qui est vivant, à long terme, ça va nous tuer aussi. Ce n’est pas vrai que ça s’élimine au complet.»

Ce qu’ils souhaitaient, c’était d’offrir des produits écologiques à un coût plus abordable que le biologique. C’est de cette façon donc qu’ils produisent toute une gamme de légumes frais et qu’ils élèvent leurs animaux.

«J’ai choisi de ne pas me certifier pour consacrer plus de temps à la culture écologique, précise Mme Bienvenue. Juste pour obtenir la précertification pour le biologique, je devais remplir un document de 26 pages!»

Leur ferme compte environ 60 poules pondeuses, qui circulent librement à l’extérieur, 100 poulets de grain, 10 chevreaux et 6 porcs au pâturage, qui mangent principalement de l’herbe et des légumes.

Boutique

En avril, le couple a ouvert sa boutique à sa ferme située sur le rang Sainte-Thérèse. On peut y acheter des produits transformés faits à partir de leur potager et de leur élevage.

Certains produits sont aussi disponibles au marché de Saint-Constant, le samedi, et au marché de Saint-Lambert, le jeudi, ou à un kiosque situé sur le terrain du dépanneur Notre-Dame à Saint-Rémi, le vendredi. Les clients peuvent aussi s’abonner pour recevoir des paniers de légumes écologiques à l’un ou l’autre de ces emplacements.

Leur gamme de produits transformés porte le nom Les délices du manoir. Cette appellation provient de la vieille enseigne Le manoir qu’on aperçoit sur le bâtiment principal de la ferme. C’est l’ancien propriétaire qui avait ainsi nommé l’endroit. Mme Bienvenue voulait enlever cette enseigne, mais lorsqu’elle s’est aperçue que de nombreux oiseaux y nichaient, elle a décidé de la laisser en place.

Les produits de la ferme CFR

– Des légumes frais comme des pommes de terre, des navets, des courgettes, de l’ail, mais aussi des fèves, des pois sucrés et des tomates.

– Des œufs frais.

– Des plats cuisinés (une vingtaine de mets différents).

– Une dizaine de variétés de saucisses de porc (et de chevreau à compter de cet automne).

– Des marinades (zucchinis, betteraves, haricots, <@Ri>etc.<@$p>).

– Des tartes de toutes sortes.

– Des pâtés au poulet.

– Un coulis appelé Délice aux poires dont les seuls ingrédients sont la poire, le sucre et le jus de citron. «On peut manger ça avec des fromages moyens ou forts, sur un dessert, avec du porc ou la cuillère, directement dans le pot», lance Mme Bienvenue.