Jardins-de-Napierville: 42% des travailleurs à risque avec un salaire minimum à 15 $ de l’heure
TRAVAIL – Une hausse du salaire minimum à 15$ l’heure dès 2017 menacerait les emplois de 42% des travailleurs âgés de 25 à 64 ans de la MRC des Jardins-de-Napierville. À ce titre, la MRC se place au 19e rang des 25 MRC qui seraient le plus touchées par une telle mesure.
C’est ce que révèle une étude de l’Institut économique de Montréal (IEDM) dévoilée jeudi. Les auteurs Mathieu Bédard et Alexandre Moreau soutiennent qu’une telle mesure entraînerait des effets pervers, principalement en région. Elle pourrait même accélérer l’exode rural, alors qu’une partie de la population pourrait choisir de quitter la campagne au profit de la ville.
Bon nombre de ces travailleurs, dont le salaire minimum passerait subitement à 15$ l’heure, verraient leurs tâches s’accroître. Pour d’autres, la situation se traduirait par une diminution du nombre d’heures de travail ou de leurs bénéfices non monétaires. Certains d’entre eux seraient tout simplement congédiés.
Comme les salaires augmentent d’année en année, les effets négatifs d’une telle mesure seraient moindres si elle était retardée, nuancent les auteurs. Malgré tout, ils soutiennent que même si la mesure était reportée en 2021, un nombre important de travailleurs serait tout de même à risque.
Raisons
Le niveau d’activité économique est plus faible en région qu’en ville, donc les salaires y sont en général plus faibles, précise les auteurs.
Dans les centres urbains, ce sont davantage des jeunes, souvent des étudiants, qui sont payés au salaire minimum. En région, les effets pervers d’une telle mesure toucheraient davantage de travailleurs adultes à faible revenu.
«La perte d’emplois chez des travailleurs qui peuvent avoir des familles à faire vivre est autrement plus grave, disent MM. Bédard et Moreau. En région, ils seraient les premières victimes.»
Solutions
Selon l’IEDM, d’autres solutions qui impliquent une plus grande participation de l’État plutôt que celle des entreprises devraient être envisagées pour aider les travailleurs à faible revenu.
Les auteurs suggèrent de relever le montant personnel de base sur lequel personne ne paie d’impôt sur le revenu, de faciliter l’accès au crédit d’impôt pour solidarité ou à la prime au travail.
Réactions
Sylvie Rémillard, directrice générale de l’organisme Sourire sans fin à Saint-Rémi, côtoie des gens qui vivent dans la pauvreté au quotidien. Malgré tout, elle craint que l’augmentation du salaire minimum à 15$ l’heure n’entraîne pas les effets escomptés.
«Ma crainte, c’est que le coût de la vie augmente aussi, dit-elle. Si je m’assois sur ma chaise sociale, c’est sûr que ça ferait en sorte que les gens reçoivent plus d’argent. Mais si je m’assois sur la chaise d’un gestionnaire d’une PME, je n’arriverai pas. Les autres salaires vont devoir grimper.»
Mme Rémillard craint que cette spirale entraîne une hausse du coût des produits et qu’au bout de deux ou trois ans, même si les salaires sont plus élevés, les personnes dont le revenu sera plus faible n’auront pas amélioré leur pouvoir d’achat.
C’est au gouvernement à assumer sa responsabilité en appliquant des mesures sociales plutôt que de remettre cette responsabilité entre les mains des entreprises, croit-elle.
«Le gouvernement pourrait financer le logement social ou ouvrir des places en CPE pour permettre aux parents d’aller travailler, suggère Mme Rémillard. Sans garderie, tu ne vas pas travailler. Pourquoi ne pas financer un programme d’aide pour retourner à l’école? Les individus pourraient se reprendre en main et s’outiller.»
Les effets pervers selon l’IEDM
– Réduction de l’emploi chez les jeunes et les travailleurs non qualifiés.
– Augmentation du chômage, donc encouragement à la participation à des activités criminelles.
– Hausse des prix des biens de consommation.
– Aggravation des crises économiques en période de récession.
– Encouragement au décrochage scolaire en rendant le salaire d’entrée sur le marché du travail plus intéressant.