Jardins-de-Napierville: des travailleurs agricoles guatémaltèques font défection

TRAVAIL – Environ 125 travailleurs agricoles en provenance du Guatemala ont fait défection dans les dernières semaines au Québec, dont certains étaient à l’emploi de producteurs de la MRC des Jardins-de-Napierville. Au terme de leur saison de travail dans les champs, ils n’ont pas repris l’avion.

Natalie Pouliot, directrice des communications de la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME), confirme les défections locales. Elle refuse toutefois d’identifier les fermes visées.

Si ces travailleurs ont choisi de vivre illégalement au pays, c’est qu’ils forment le premier groupe à avoir cumulé 48 mois de travail au Canada. Cette limite a été imposée en avril 2011 par le gouvernement de Stephen Harper.

«Ces travailleurs doivent ensuite purger un délai de 48 mois consécutifs d’attente dans leur pays avant de pouvoir revenir travailler au Canada», précise Mme Pouliot.

En vertu d’un traité signé en 1974 avec le Canada, les Antillais et les Mexicains ne sont pas assujettis à cette limite, ce qui n’est pas sans créer un sentiment d’injustice chez les Guatémaltèques qui les côtoient dans les fermes.

Un comité parlementaire fédéral qui s’est penché sur le sujet a récemment recommandé d’abolir cette limite de 48 mois. Le gouvernement fédéral doit réagir au rapport d’ici au 17 janvier 2017.

Un personnel qualifié

Éric Van Winden, de la ferme Delfland, à Saint-Cyprien-de-Napierville, emploie environ 40 travailleurs guatémaltèques. Si aucun d’entre eux n’a encore fait défection, c’est qu’ils n’ont pas encore atteint la limite des 48 mois de travail cumulés.

«Ils travaillent trois ou quatre mois par année, explique M. Van Winden. Donc, ça ne monte pas vite. On espère que le règlement change d’ici ce temps-là.»

Le fait de devoir remplacer ces gens après huit, voire dix ans, entraine des coûts pour les agriculteurs.

«Il n’y a aucun avantage à devoir changer la main-d’œuvre, poursuit-il. C’est une équipe que je connais. Les gens travaillent bien et je n’ai pas de formation à faire. Certains d’entre eux ont plus de responsabilités.»

Même son de cloche du côté de Denys Van Winden, propriétaire des Productions horticoles Van Winden, à Sherrington. Il emploie une dizaine de Guatémaltèques, dont un atteindra les 48 mois de travail cumulés en 2017 et deux ou trois autres en 2018.

Jacques Notaro, président de la Ferme E. Notaro et fils, à Sherrington, emploie lui aussi une quarantaine de Guatémaltèques. Aucun n’a encore cumulé 48 mois de travail au Canada.

«Il y en a trois à qui il reste une année [avant d’atteindre leurs 48 mois]. Je leur ai dit de ne pas mettre leurs chances de revenir en danger pour une règle qui risque d’être changée», explique M. Notaro en référence au fait qu’il leur a déconseillé de faire défection.