La moule zébrée sous surveillance dans le Richelieu

Avec l’arrivée du beau temps, les bateaux seront plus nombreux à la marina du Vieux Saint-Jean. Un mollusque profite aussi de la hausse de température pour rappeler sa présence dans les eaux du Richelieu, assez pour que les municipalités riveraines lui portent attention et rappellent aux plaisanciers de prendre des précautions.

La moule zébrée a élu domicile dans les lacs et rivières de la région, notamment dans le Richelieu, il y a une vingtaine d’années. Elle est considérée comme une espèce aquatique exotique envahissante par le ministère de l’Environnement du Québec.

Ses filaments lui permettent de se fixer sur une diversité de surfaces solides en contact avec l’eau, comme des bateaux, des quais, des roches ou des canalisations. Elle peut même s’accrocher aux moules indigènes ou aux écrevisses.

Reproduction

La moule zébrée a une capacité de reproduction impressionnante. Une seule moule peut pondre jusqu’à un million d’œufs par année. « Une colonie peut atteindre jusqu’à 100 000 individus par mètre carré. C’est énormément de moules! Elles peuvent bloquer les prises d’eau des usines de filtration et engendrer des problèmes d’approvisionnement en eau potable, ou encore endommager les barrages. Les larves sont en suspension et peuvent se développer sur toutes les structures solides qui sont ou qui ont été en contact avec l’eau », indique Mélissa Laniel, biologiste au Regroupement des associations pour la protection de l’environnement des lacs et des bassins versants (RAPPEL).

Présence

Au Québec, la moule zébrée est entre autres présente dans les rivières Richelieu, Magog, Saint-François et des Outaouais, ainsi que dans les lacs Champlain, Memphrémagog et des Deux-Montagnes.

« Le taux de calcium de l’eau est le principal facteur qui permettra aux moules de se développer et créer des colonies importantes. La transparence de l’eau, ainsi que la présence de roches et substrats contribueront également à la prolifération de la moule zébrée », indique Mélissa Laniel.

Pas pour l’instant

La moule zébrée est bel et bien présente dans la rivière Richelieu. Elle ne pose toutefois pas de problèmes majeurs pour l’instant. Luc Airoldi, chef de division Eau potable, à Saint-Jean-sur-Richelieu, note que les moules zébrées ne sont pas problématiques dans les secteurs des prises d’eau des usines de filtration d’Iberville et de Saint-Jean.

Les prises d’eau sont inspectées au minimum deux fois par année, au printemps et à l’automne, pour vérifier qu’elles ne soient pas obstruées par des moules, des algues ou des débris de toute sorte.

Le Comité de concertation et de valorisation du bassin de la rivière Richelieu (COVABAR) confirme aussi la présence de moules zébrées dans la rivière Richelieu. « Comme la moule zébrée est déjà implantée dans la rivière, il n’y a pas grand-chose à faire pour l’éradiquer à part faire de la prévention. La moule zébrée est qualifiée de « moule ingénieure » parce qu’elle modifie l’écosystème. Chaque individu peut filtrer jusqu’à un litre d’eau par jour. Elle absorbe la nourriture des autres organismes vivants dans les eaux douces du Québec », indique le directeur général du COVABAR, Sylvain Lapointe.

Mesures de prévention

La Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu et le COVABAR insistent sur l’importance de faire de la prévention auprès des plaisanciers avant qu’ils mettent leur bateau à l’eau dans la rivière Richelieu.

Tous les types d’embarcations, même une planche à pagaie et de l’équipement de plongée devraient être nettoyés avant de passer d’un plan d’eau à un autre.

« Le lavage de la coque des bateaux est vraiment important. Un lavage à l’eau froide, même avec un système à pression, ne permet pas d’enlever toutes les larves sur les coques des bateaux. Le meilleur moyen est d’effectuer un lavage des bateaux à l’eau chaude », indique M. Lapointe.