Le Fort-Lennox, comme s’il venait d’être construit 

Patrimoine. Après cinq ans de fermeture, le Fort-Lennox ouvrait ses portes aux visiteurs le 17 juin sur l’île aux Noix. Les travaux de mise en valeur visant à redonner du lustre et de l’authenticité aux infrastructures datant du 19e siècle sont désormais chose du passé.

Il est donc à nouveau possible d’accéder à ce lieu historique national protégé qui est occupé par des êtres humains depuis près de 6000 ans.

L’île aux Noix a été fortifiée d’abord par les Français en 1759, puis repris par les Anglais à la suite de plusieurs batailles. L’occupation des lieux s’est terminée en 1870. Et c’est en 1921 que le gouvernement canadien est devenu le gardien du site. 

La restauration du Fort-Lennox a nécessité un financement de plus de 14 M$ du gouvernement canadien, encadré par le Programme d’investissement dans les infrastructures fédérales de Parcs Canada.

Le site était fermé au public depuis 2018 en raison de la tenue d’un vaste chantier. Les travaux ont été ralentis par la pandémie de COVID-19.

Fébrilité

Des travaux majeurs ont été effectués à la caserne des soldats, bâtiment emblématique du Fort-Lennox érigé entre 1819 et 1829. Au fil des années, le bâtiment pouvait accueillir jusqu’à 400 militaires.

Les principales réparations ont touché la maçonnerie extérieure. Pas moins de 495 pierres de la caserne ont été réparées. Certaines ont été retirées, numérotées et réinstallées aux mêmes endroits. Celles en mauvais état ont été remplacées par de nouvelles pierres taillées à partir du même type de calcaire que les originales. L’effet est à s’y méprendre.

Après cinq ans de fermeture, c’est avec beaucoup de fébrilité que l’équipe de Parcs Canada accueille à nouveau des visiteurs. C’est un travail colossal qui a été effectué sur le site grâce à plusieurs spécialistes, archéologues et gens engagés afin de faire du fort un lieu exceptionnel.

Geneviève Caron, directrice de l’unité de gestion de la Mauricie et de l’ouest du Québec à Parcs Canada

Consolidation

Des travaux de consolidation en profondeur de la fondation ont également été effectués pour contrer l’affaissement du solage du bâtiment. Un total de 15 mètres cubes ont été ajoutés à la base de l’édifice pour interrompe sa dégradation.

Les murs de briques intérieurs, la fenestration et la toiture ont été restaurés. Des charpentes en bois massif ont été créées pour solidifier le plafond à certains endroits. Un réaménagement des espaces a été réalisé pour mettre en valeur l’ampleur du bâtiment original.

Le front et les cinq cheminées, qui étaient en piteux état, ont fait l’objet de restauration. L’escalier arrière de la caserne a été complètement reconstruit pour assurer la sécurité des visiteurs.

Autres travaux

Le dortoir du deuxième étage de la caserne a été revampé pour lui redonner une apparence d’époque vraiment réaliste, afin de mieux imaginer la vie des soldats qui, pour la plupart, étaient obligés de dormir à deux dans un petit lit simple ou encore avec des membres de leur famille venue les rejoindre.

Les casemates, situées derrière la caserne des soldats, ont quant à elles été nettoyées et solidifiées pour offrir une meilleure vue de l’intérieur. Elles pouvaient servir de prisons ou d’entrepôt. On y voit les barreaux et des âtres de foyers.

Enfin, des travaux extérieurs ont été effectués sur la porte nord, entrée principale du fort, ainsi qu’aux deux quais pour accueillir les visiteurs. Une navette fluviale assure les allers et retours au Fort-Lennox.

Des rénovations ont par ailleurs été également effectuées dans le bâtiment où logeaient les officiers, ainsi que dans les deux magasins réservés à l’artillerie et à l’intendance.

Minutie

« Les travaux ont demandé énormément de minutie. Ils ont été réalisés par des spécialistes pour assurer l’intégrité des bâtiments. Des recherches poussées ont aussi été nécessaires pour découvrir l’histoire de certains artéfacts inédits trouvés sur le site en creusant la terre. Ce sont des opérations essentielles pour la compréhension, la conservation et la pérennité du patrimoine historique du site et de la région », explique Geneviève Caron.

Cette dernière souligne l’importance de la protection des lieux pour assurer la préservation de la mémoire collective.

Depuis 1964, Parcs Canada a fouillé environ 200 secteurs de l’île, ce qui a permis de découvrir plus d’un demi-million d’artéfacts. 

« Le travail effectué sur le site est phénoménal. Le Fort-Lennox est un endroit riche en histoire. On en a fait à l’époque entre autres une prison pour les Patriotes, une école de réforme pour des adolescents ainsi qu’un camp pour accueillir des membres de la communauté juive pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le Fort-Lennox a maintenant une mission renouvelée, soit celle d’être le gardien de notre mémoire collective. C’est un lieu qui attire des touristes qui proviennent bien au-delà de la région », mentionne la députée fédérale de Saint-Jean, Christine Normandin.

Exposition

Quelque 200 artéfacts sont désormais exposés à la caserne des soldats du Fort-Lennox. Une cinquantaine d’objets anciens date de l’occupation autochtone, soit avant l’arrivée des Européens et la première fortification des lieux en 1759.

L’exposition permet de faire un plongeon dans le passé en présentant non seulement la vie des militaires, mais aussi celle des hommes, femmes et enfants qui ont occupé le site pendant des milliers d’années. On y apprend notamment que des Juifs ont trouvé refuge sur l’île aux Noix durant la Deuxième Guerre mondiale.

Des bornes interactives, une maquette du site, différents objets, des lettres officielles ainsi que des tableaux permettent de mieux comprendre toute l’activité qui s’est déroulée sur le site à partir de l’époque de la présence autochtone avec la nation Waban-Aki jusqu’à la première base navale aménagée par les Britanniques en 1812.

Divers intervenants touristiques de la région, dont Tourisme Haut-Richelieu, ont contribué à la rénovation du site et à l’élaboration de la nouvelle exposition intitulée Passages, une île aux mille visages.

Une municipalité de 125 ans d’histoire

La réouverture du Fort-Lennox coïncide par ailleurs avec le 125e anniversaire de la municipalité de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix. Le maire Denis Thomas souligne l’importance du site patrimoniale pour la communauté.

« Le fort est un joyau historique sur notre territoire. Son attrait a d’importantes retombées économiques. Il contribue au rayonnement et à la notoriété de la municipalité qui ne manquera pas d’en faire la promotion », souligne M. Thomas.

Plusieurs activités de célébrations soulignant le 125e anniversaire de la municipalité auront lieu cet été à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix. La programmation est affichée sur le site de la municipalité à www.ileauxnoix.com.

Horaire

Depuis le 23 juin, le public est accueilli au Fort-Lennox tous les jours de 10 h à 17 h, jusqu’au 4 septembre.

Il en coûte 18,50 $ par adulte et 6 $ par enfant de moins de 17 ans pour visiter les lieux. L’entrée est gratuite pour les 5 ans et moins. Les prix comprennent l’accès au traversier.