Le Service de sécurité incendie de Napierville/Saint-Cyprien n’est pas assez équipé

Indépendamment des informations que les compagnies de transport ferroviaire ont maintenant l’obligation de divulguer aux municipalités, le Service de sécurité incendie (SSI) de Napierville/Saint-Cyprien n’est pas équipé pour se protéger contre les risques inhérents au passage de matières dangereuses sur son territoire.

C’est du moins l’opinion de Dany Deragon, chef aux opérations du SSI de Napierville/Saint-Cyprien, qui réclame aux élus les 75 000$ nécessaires pour l’achat d’une remorque à mousse, utilisée en cas d’incendie de produits chimiques.

Ordre préventif

Le gouvernement fédéral impose un ordre préventif pour forcer les compagnies ferroviaires à informer les municipalités quant à la nature et au volume des marchandises dangereuses qu’elles transportent. 

L’annonce a été faite le 20 novembre dernier par la ministre des Transports du Canada, Lisa Raitt.  Cette mesure est déjà en vigueur et le restera pendant trois ans, afin que le ministère dispose du temps nécessaire pour élaborer des dispositions réglementaires définitives. 

La directrice générale de Napierville, Ginette Pruneau, croit que cette mesure est un premier pas dans la bonne direction.  «Plus on a de l’information, mieux c’est.  En connaissant ce qui passe à Napierville, on pourra avoir une autre rencontre avec CP.»  Selon Mme Pruneau, un wagon équivaut à trois ou quatre camions et les risques d’accident sont moindres par train que par voie terrestre.

Service de sécurité incendie

Le chef aux opérations du SSI de Napierville/St-Cyprien, Dany Deragon, ne croit pas que le fait de détenir ces nouvelles informations implique que les risques soient plus grands.  Selon lui, les matières dangereuses qui sont transportées par train, sont connues du SSI.  Il peut y avoir du pétrole brut, du propane, de l’ammoniaque, du chlore ou encore de l’engrais.  Il est cependant d’avis qu’il leur manque de l’équipement pour se protéger adéquatement.  «Les risques n’augmentent pas.  Pour la majorité des matières qui circulent sur le réseau ferroviaire, ça prend un émulseur, mais on n’en a pas». 

Il fait référence à de la mousse, qui doit être utilisée pour éteindre des feux de produits chimiques, comme celle qui a été utilisée à Lac-Mégantic.  La municipalité possède actuellement quatre ou cinq gallons d’émulseur, ce qui suffirait à éteindre le feu de quatre ou cinq voitures, selon M. Deragon.  «On n’est pas un service qui dort au gaz.  On a mis en place un projet de remorque à mousse et on y tient.  Je dois me rasseoir avec le nouveau conseil élu, explique M. Deragon.  C’est la ressource qui manque au département pour une protection efficace et efficiente des usines chimiques et du chemin de fer.»

Le projet sur lequel le SSI travaille vise à faire l’acquisition d’une remorque contenant un minimum de 250 gallons d’émulseur.  Le coût d’un tel dispositif est évalué à environ 75 000$.

Rappelons que la municipalité de Napierville a rencontré les dirigeants du Canadien Pacifique (CP) le 13 septembre dernier, afin d’en savoir davantage quant à l’état des rails et afin pour de l’information sur les dates précises et les heures où les matières dangereuses transitent par Napierville.  L’ordre préventif qui vient d’être imposé ne permettra pas davantage de répondre à ces demandes de la part du service de sécurité incendie (SSI).

Le CP avait rassuré l’administration municipale quant à la sécurité du réseau.  Selon CP, il n’était pas possible de divulguer à quel moment des matières dangereuses étaient transportées à travers la municipalité.   La raison évoquée était la trop forte demande et le fait que la nature des convois est trop variée pour que CP puisse communiquer son contenu aux municipalités.

Informer les municipalités

Cet ordre préventif  vise à favoriser l’échange d’information sur le transport des marchandises dangereuses entre les compagnies ferroviaires et les municipalités.  Selon Transports Canada, ces mesures apportent un soutien supplémentaire aux planificateurs de mesures d’urgence pour la planification des interventions et la formation à cet effet.

L’ordre préventif prévoit que toute compagnie de chemin de fer, dont les recettes d’exploitation sont de plus de 250 M$, doit fournir aux municipalités l’information quant à la nature et au volume des marchandises dangereuses qu’elle transporte, quatre fois par année.

Les plus petites compagnies devront fournir cette information une fois par année et devront aviser les municipalités, dès que possible, de tout changement important à cette information.

Appui

Bernard Généreux, le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), dont Napierville est membre, se réjouit de l’imposition de cette norme.  «C’est une révolution, un changement énorme dans les façons de faire par rapport à l’absence ou le trou noir dans lequel on se trouvait en matière d’information.»

Selon M. Généreux, le fait de détenir ces nouvelles informations aura des implications pour les services de sécurité incendie des collectivités.  «Maintenant qu’on le saura, il faudra nécessairement s’assurer qu’on a les expertises, les produits et les technologies nécessaires pour être capables d’intervenir correctement en cas de sinistre.»

L’Association des Chemins de fer du Canada appuie l’ordre préventif de la ministre des Transports.  «Les chemins de fer canadiens ont toujours transmis des informations sur les marchandises dangereuses aux diverses collectivités; nous sommes donc d’accord avec la décision d’officialiser le partage d’information avec nos partenaires municipaux et les premiers intervenants partout au pays», a déclaré Michael Bourque, président-directeur général de cette association.