Les vins québécois seront plus accessibles à la SAQ

Les vignerons de la région se réjouissent du nouveau plan de commercialisation annoncé par Québec pour mettre les vins québécois en valeur dans les succursales de la SAQ. Ce plan prévoit également le versement d’une ristourne aux vignerons qui vendront leurs vins à la SAQ.

«Ça fait 6 ans qu’on négocie ça, explique Yvan Quirion, propriétaire du Domaine St-Jacques et vice-président de l’Association des Vignerons du Québec (AVQ).  Ça va complètement changer notre industrie.  C’est extraordinaire.»  Selon lui, cette annonce témoigne du fait que les vignobles québécois participent au développement économique du Québec.

L’annonce a été faite le 29 novembre par la première ministre, Pauline Marois, accompagnée du ministre de l’Agriculture, François Gendron, du ministre des Finances, Nicolas Marceau et du président du conseil d’administration de la SAQ, Sylvain Simard. «L’objectif visé par notre gouvernement est d’améliorer l’accès aux vins du Québec tout en favorisant le développement durable et structuré de l’industrie viticole», a indiqué Mme Marois.

Ce plan de commercialisation découle du Programme d’appui au secteur des alcools du terroir, qui vient d’être renouvelé pour une période d’un an.  La nouvelle phase de ce programme s’échelonnera de 2014 à 2017.  Il s’accompagne d’une bonification de 4,3 M$, qui permettront entre autres de favoriser l’obtention d’une certification ou d’une appellation réservée. 

Visibilité

La SAQ participe à ce plan de commercialisation et de mise en valeur des vins québécois.  «Nous nous engageons à faire des efforts accrus pour que les Québécois et les Québécoises puissent trouver facilement des vins d’ici sur les tablettes des succursales», a indiqué M. Simard.

La SAQ prend cinq engagements concrets pour favoriser l’accessibilité des vins d’ici sur ses tablettes.  Elle augmentera le choix de vins certifiés du Québec dans tout son réseau de magasins. 

Elle s’engage à réserver un espace particulier aux vins québécois, de manière à ce que les clients puissent les identifier facilement et rapidement. 

La SAQ va augmenter le choix de vins et d’alcool dans ses succursales situées à proximité des cinq principales routes des vins. 

Elle veut faciliter le repérage des vins du Québec en attribuant à chacun une Pastille de goût. 

Enfin, la SAQ veut faire connaître à ses clients les reconnaissances et les médailles que les vins et les alcools québécois ont remportées dans des concours nationaux et internationaux.

Ristourne

Le gouvernement a également annoncé qu’une ristourne serait versée aux vignerons qui décideront de vendre leurs vins à la SAQ.  «La SAQ continue de prendre  une marge bénéficiaire de 132%, explique Yvon Roy, propriétaire du vignoble Morou et secrétaire de l’AVQ, mais le gouvernement va nous compenser en nous donnant une ristourne.»

Selon M. Roy, les vins se vendent en moyenne 15$ la bouteille, à la SAQ.  Si un vigneron veut que sa bouteille soit vendue 15$ par la SAQ, il doit la vendre à perte.  Pour faire du profit, le vigneron doit vendre sa bouteille 15$ à la SAQ, qui elle, va la revendre 35$ ou 38$ aux clients.  «Les Québécois ne l’achèteraient pas à ce prix, pour un produit local», estime M. Roy.

Selon M. Quirion, il s’agit d’une majoration équitable.  «Les vins étrangers sont subventionnés à l’os!  On est victime de compétition déloyale.»  Il cite l’exemple de l’Union européenne qui subventionne des campagnes de commercialisation à la SAQ à coup de millions de dollars.  «Ça nous permet de faire assez de marge pour rester en affaire, estime M. Roy.  C’est la plus grande, bonne nouvelle depuis 1998.  Ça fait longtemps qu’on attendait après ça!»

Opposition

Selon Stéphane Billette, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’Agriculture, le gouvernement va dans la bonne direction, mais il déplore qu’il reste encore plusieurs étapes à franchir pour permettre une véritable accessibilité aux vins québécois.  «Si le gouvernement veut réellement donner une plus grande accessibilité aux produits alcoolisés québécois, il doit changer les règlements et les lois.»

Il fait ainsi référence au projet de loi no 395, déposé par le Parti libéral en juin dernier, mais que le gouvernement n’a jamais appelé.  Ce projet de loi prévoyait notamment la vente des vins québécois dans les épiceries et les dépanneurs.