L’ex-maire de Saint-Rémi Michel Lavoie plaide coupable

JUSTICE – L’ex-maire de Saint-Rémi Michel Lavoie a plaidé coupable à trois chefs d’accusation pour abus de confiance, ce matin, au Palais de justice de Longueuil.

Au total, M. Lavoie faisait face à 22 chefs d’accusation. Il a été acquitté des autres charges qui pesaient contre lui.

L’entreprise Dorais Construction a aussi été reconnue coupable d’abus de confiance et condamnée à verser une amende de 50 000$ d’ici six mois.

M. Lavoie sera de retour en cour le 23 février afin de connaître sa sentence. Une suggestion commune des parties sera présentée au juge Marc Bisson, qui tranchera. La loi n’impose pas de peine minimale pour ce type de crime, mais prévoit une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement.

Dans la foulée de ce procès, Sébastien Lavoie, le fils de l’ancien maire, a été acquitté, de même Dominic Dorais, propriétaire de l’entreprise Dorais Construction, et l’ancienne conseillère municipale de Saint-Rémi, Louise Trudeau-Lefrançois.

Les chefs d’accusation

Dans l’exposé des faits qu’a reconnus M. Lavoie, il est dit que «la Compagnie construction Dorais est la propriété de Dominic Dorais, un partenaire d’affaires de Michel Lavoie dans la compagnie 9179-1129 Québec Inc., vouée au développement immobilier».  

Or, l’ex-maire aurait dû dévoiler ses intérêts d’affaires avec M. Dorais lorsqu’est venu le temps d’octroyer d’un contrat pour la construction d’une caserne de pompiers en 2008.

Pour sa part, la compagnie Dorais Construction a été avantagée parce qu’elle a été mandatée par le conseil municipal pour réaliser les plans et devis avant même que l’appel d’offres soit lancé. Il s’avère également que l’entreprise a pris part à plusieurs discussions informelles, notamment avec M. Lavoie, au préalable.

«La Ville de Saint-Rémi a donc été privée d’une saine compétition pour ce projet majeur d’une valeur de plus d’un million de dollars», peut-on lire dans l’exposé des faits reconnus par l’entreprise fautive.

De plus, M. Lavoie est intervenu auprès du conseil municipal pour que l’appel d’offres soit lancé plus rapidement que prévu sans jamais préciser aux membres du conseil qu’il était un partenaire d’affaires de M. Dorais.

L’ancien maire de Saint-Rémi s’est aussi reconnu coupable d’abus de confiance en lien avec un changement de zonage en 2007. Ce changement de zonage touchait un bâtiment situé 81, boul. Saint-Rémi, qui appartient à M. Dorais et dont une partie est louée par l’entreprise de M. Lavoie, Transport M. J. Tous deux projetaient d’y construire des condos industriels, ce qui était interdit par la règlementation à l’époque. M. Lavoie est intervenu auprès du directeur de l’urbanisme pour lui demander d’inclure l’autorisation pour agrandir le bâtiment dans la nouvelle réglementation.

Enfin, M. Lavoie s’est reconnu coupable d’abus de confiance, entre 2009 et 2013, dans le cadre de la réalisation d’un projet de réseau d’égout et d’aqueduc dans le secteur C1 de la ville. L’ex-maire n’a jamais déclaré ses intérêts au conseil municipal dans ce dossier, alors que son entreprise est située dans ce secteur.

Réaction

Dans une entrevue qu’il a accordée au Coup d’oeil à sa sortie de la cour, le procureur de M. Lavoie, Me Pierre Teasdale, affirme qu’il n’existe aucune preuve à l’effet que M. Lavoie s’est enrichi au cours de son règne à titre de maire.

«La preuve est muette là-dessus, dit-il. La preuve ne l’a pas révélé dans le rapport d’enquête ni dans l’enquête préliminaire.»

De plus, la municipalité n’a rien perdu sous ses mandats, malgré ses agissements, a-t-il ajouté.

Selon son avocat, le crime commis par M. Lavoie s’apparente à un conflit d’intérêts. Il y a eu un manque de transparence de la part de l’ex-maire, soutient-il.