La magie des oies sur la rivière Richelieu

FAUNE – À l’automne, le passage des oies des neiges dans la région offre un spectacle magique. Cette année ne fait pas exception à la règle, alors que ces superbes oiseaux sont aperçus tous les jours depuis la mi-novembre.

Les ornithologues amateurs et les citoyens s’agglutinent en bordure de la rivière Richelieu entre le boulevard Saint-Luc et la rue Loyola, à Saint-Jean-sur-Richelieu. À certains moments, le plan d’eau prend des allures de tapis blanc.

Ce n’est que le début, prévient Réal Boulet, membre du Club d’ornithologie du Haut-Richelieu. Ce dernier a compté jusqu’à 30 000 visiteurs, la semaine passée. Il base ses données en numérotant les oiseaux sur des photographies.

Toutefois, le bassin en bordure du pont Marchand s’est rempli lundi. À ce stade, le nombre d’individus dépasse généralement 50 000.

Cela ne surprend par Réal Boulet puisque la population varie de jour en jour. Il faut savoir que les oies des neiges migrent sur 3000 kilomètres entre l’Arctique et la côte est américaine, à l’automne. Au Québec, elles prennent du repos à Cap-Tourmente en bordure du Saint-Laurent, puis sur le réservoir artificiel de Victoriaville.

«Les oies quittent maintenant le Centre-du-Québec, car le réservoir commence à geler, précise Réal Boulet. Elles s’en viennent vers Saint-Jean-sur-Richelieu.»

Intelligente

Pourquoi s’arrêtent-elles sur la rivière Richelieu? Simplement parce qu’elles trouvent une nourriture abondante dans les champs agricoles en bordure de la ville et une protection contre les chasseurs à l’intérieur de la municipalité.

«Généralement, elles s’envolent au lever du soleil, puis reviennent vers midi. Elles repartent entre 13 h et 14 h, puis reviennent se poser pour la nuit vers 16 h. Si on ne passe pas au bon moment, on peut les manquer complètement», souligne l’ornithologue.

Où est l’oie de Ross?

Ceux qui aiment le jeu «Où est Charlie?» trouveront un défi similaire sur la rivière Richelieu. Une visiteuse rare se glisse parmi les milliers d’oies des neiges. Il faudra se munir de jumelles ou d’une lunette d’approche pour repérer l’oie de Ross.

On pourrait comparer celle-ci à une version miniature de sa congénère. «L’oie de Ross ne niche pas au Québec, car son aire de nidification se situe dans le nord-ouest du Canada et son aire d’hivernage en Californie», explique Réal Boulet.

Au printemps, certains individus migrent toutefois vers nos régions. «Un facteur bien connu du monde animal peut justifier un tel comportement: l’hybridation, précise-t-il. L’oie de Ross peut s’accoupler avec l’oie des neiges.»

À l’automne, l’intruse peut décider de demeurer avec sa colonie d’adoption, ce qui la fera passer par le Haut-Richelieu lors de sa migration.

Pour les ornithologues, un défi d’identification se pose lorsqu’ils observent une différence de taille au sein d’un groupe. L’oie de Ross est-elle «pure» ou s’agit-il d’un hybride (rejeton)?

«Une oie de Ross «pure» est identifiable, entre autres, par l’absence de rictus (sourire), par un petit bec, par la forme à angle droit du bec près de l’œil, par un œil qui nous apparaît petit sur une tête ronde et bien sûr par sa petitesse», précise Réal Boulet.

Sur la rivière Richelieu, les clichés de l’ornithologue confirment que la visiteuse rare qui se glisse parmi la colonie est «pure». C’est pourquoi de nombreux amateurs se massent en bordure de la rivière pour tenter de la repérer.

Observation

Les oies des neiges resteront dans la région de Saint-Jean-sur-Richelieu jusqu’à l’arrivée de la neige. En 2015, les visiteuses s’étaient attardées jusqu’à Noël, mais les températures étaient exceptionnellement douces.

On ne recommande pas aux curieux de chercher les oiseaux dans les champs agricoles de la région. Ils sont dispersés et mieux vaut ne pas les stresser alors qu’ils s’alimentent.

Le mieux est d’apprécier le spectacle en marchant simplement sur la bande du canal de Chambly.

Enregistrer