MRC des Jardins-de-Napierville: l’insécurité alimentaire, sujet de préoccupation

PAUVRETÉ – L’organisme Sourire sans fin a remis 3634 paniers de nourriture aux personnes dans le besoin au cours de l’année 2015-2016. Il s’agit d’une augmentation de 11% par rapport à l’année précédente. Ce symptôme pourrait être que la partie émergée de l’iceberg de l’insécurité alimentaire.

L’insécurité alimentaire se définit par l’incapacité des gens à se procurer des aliments nutritifs en quantité suffisante et d’une manière qui respecte la dignité humaine. Plusieurs facteurs y contribuent, dont un faible revenu, le coût du loyer, des aliments, du transport, de l’énergie et les frais reliés aux services éducatifs et de santé, ainsi que des politiques publiques en éducation, en emploi, en transport, etc.

La sécurité alimentaire a été identifiée comme un des enjeux prioritaires de la politique de développement social adoptée par la MRC en 2011, en raison de son impact sur la santé de la population. La MRC est particulièrement à risque en raison de la présence de plusieurs déserts alimentaires, ces municipalités où aucun commerce ne vend de produits alimentaires frais, la faiblesse des revenus des travailleurs, le faible taux de diplomation et la quasi-absence de moyens de transport autre que l’automobile et le manque de services de proximité.

Il y a quelques semaines, une quarantaine d’intervenants locaux, dont plusieurs élus municipaux, Sonia Dumais, agente de développement social au CLD des Jardins-de-Napierville et Nancy Gagnon, organisatrice communautaire au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO), ont organisé une rencontre pour discuter des enjeux et réfléchir à des solutions.

Constat

Un des principaux constats formulés est qu’à elle seule l’aide d’urgence ne permet pas d’assurer la sécurité alimentaire de la population vulnérable.

«L’aide alimentaire soulage la faim, ça ne règle pas l’insécurité alimentaire, explique Geneviève Chénier, de la direction de santé publique de la Montérégie. Seulement le quart des ménages qui souffrent d’insécurité alimentaire vont chercher de l’aide alimentaire. Ce n’est qu’une réponse partielle. Il faut donc agir ailleurs, comme les logements sociaux, le transport ou l’offre d’aliments locaux à bon prix.»

Environ 6% de la population de la Montérégie vit de l’insécurité alimentaire et ce nombre n’a pas diminué depuis une dizaine d’années, rappelle Mme Chénier.

En 1985, le Canada comptait 94 banques alimentaires. En 2012, on en comptait 800 et l’insécurité alimentaire n’avait toujours pas été éradiquée.

L’éducation pourrait aussi faire partie de la solution.

«Il ne suffit pas juste de donner la nourriture, explique Sylvie Rémillard, directrice générale de Sourire sans fin. Nous devons enseigner comment la transformer. Les gens doivent avoir accès à des logements convenables, à un prix raisonnable.»

Ailleurs et ici

Lors de la rencontre, plusieurs solutions adoptées dans d’autres régions du Québec ont été présentées. La MRC d’Argenteuil a acquis 245 hectares de terres agricoles. Dès la première année, on a produit 13 tonnes de fruits et légumes sur 0,6 hectare, permettant de nourrir 400 familles vulnérables provenant de neuf municipalités.

À Beloeil, la municipalité a fleuri ses espaces publics avec des aménagements comestibles. Plutôt que de planter des fleurs, on fait pousser des denrées en libre-service, comme des tomates, des poivrons, des herbes et des arbres fruitiers.

Des initiatives prometteuses pour contrer l’insécurité alimentaire ont été mises sur pied dans les Jardins-de-Napierville, comme la cuisine collective organisée par l’organisme Sourire sans fin à Saint-Rémi. En 2015-2016, 44 personnes, dont le tiers était des hommes, ont cuisiné 5727 portions. Cette activité a permis de nourrir 145 personnes.

La Caravane des cultures, qui a vu le jour en 2015, est aussi un autre exemple. En deux saisons, plus de 9000 transactions ont été réalisées.

Pour sa part, la municipalité de Saint-Michel a mis sur pied un Jardin à partager devant l’école primaire. On y fait pousser des fruits et des légumes et tout le monde peut se servir. Deux fois par semaine, les jeunes qui fréquentent le camp de jour s’occupent du jardin.

– Actions à venir pour contrer l’insécurité alimentaire dans la MRC

– Produire des aménagements comestibles.

– Améliorer les connaissances en cuisine.

– Favoriser les liens entre les agriculteurs et la population.

– Encourager les actions de partage alimentaire.

– Créer un portail d’information.