Napierville: 4 500 patients pourraient perdre leur médecin de famille
SANTÉ – La Clinique médicale de Napierville, qui dessert 4500 patients, ne fait pas ses frais. Il n’est pas exclu qu’elle ferme dès le mois de décembre et que les médecins de famille aillent travailler ailleurs, prévient le Dr Luc Deneault, un résident de Napierville qui y pratique la médecine depuis dix ans.
La clinique est administrée par les propriétaires de la pharmacie Uniprix adjacente. La gestion de cette clinique leur occasionne des pertes depuis plusieurs années et c’est pourquoi ils veulent la confier aux médecins, soutient le Dr Deneault.
Cette information a été confirmée par une des copropriétaires, la pharmacienne Marie-Claude Émond. «Nous sommes gestionnaires de la clinique, mais le relais va être pris par les médecins sur place. C’est en train de se faire», a-t-elle déclaré.
Le hic, c’est que les médecins n’en veulent pas. Ils estiment qu’ils subiraient des pertes variant entre 50 000$ et 100 000$ annuellement.
Loyer
Initialement, les médecins avaient conclu une entente avec les propriétaires de la clinique stipulant qu’ils devaient verser 25% de leurs revenus pour couvrir les frais de fonctionnement et le salaire du personnel comme l’infirmière et les secrétaires.
«On est déjà à la limite de l’acceptable, affirme Dr Deneault. Au Québec, 15% à 20% des revenus des cliniques servent à payer ces frais. On est à déjà 25%.»
Ce contrat a pris fin en septembre. «Nous n’avons plus d’entente, explique le Dr Deneault. C’est le statu quo. Pour l’instant, on continue, mais on roule un mois à la fois.»
Les propriétaires de la clinique veulent désormais ajouter aux médecins un loyer au coût de 15$ le pied carré. «Le loyer fait très mal, confie Dr Deneault. On veut continuer à travailler ici, mais si ça coûte trop cher, on va aller travailler ailleurs.»
Groupe de médecine familiale
Différents scénarios ont été envisagés par les médecins pour sauver la clinique. L’un d’eux serait de former un groupe de médecine familiale (GMF), ce qui leur permettrait d’obtenir une aide financière du gouvernement, contrairement à la situation qui prévaut en ce moment. Cette aide sert à l’embauche de personnel et au fonctionnement. En contrepartie, les médecins qui forment un GMF doivent offrir un plus grand nombre de jours et d’heures d’ouverture.
L’ennui, c’est que pour former un GMF, les médecins doivent suivre au minimum 6000 patients au total. «Nous avons demandé au ministère de faire une exception, mais nous avons obtenu une fin de non-recevoir», explique le Dr Deneault.
Il faut dire que les médecins qui pratiquent à Napierville n’y sont pas à temps complet, par choix. Le Dr Deneault, par exemple, travaille à l’hôpital à Saint-Jean et sur une base militaire à Montréal. Deux autres médecins travaillent aussi à Candiac et à Longueuil.
Pour desservir 1500 patients de plus, la clinique devrait donc attirer au moins un, voire deux nouveaux médecins, ce qui a été tenté, en vain.
Les médecins de la clinique de Napierville ont aussi approché leurs collègues de la clinique de Saint-Rémi pour former un GMF.
«Les médecins n’étaient pas intéressés parce qu’ils sont sur le bord de prendre leur retraite», dit le médecin.
Du côté du CLSC des Jardins-du-Québec de Napierville et Saint-Rémi, ils ont aussi essuyé un refus.
«Les médecins du CLSC n’ont pas d’intérêt, puisqu’ils n’ont rien à gagner [à faire partie d’un GMF], confie Dr Deneault. Il faudrait qu’ils donnent plus d’heures, alors qu’ils reçoivent déjà du financement.»
Couper ou déménager
S’ils souhaitent continuer à pratiquer dans les environs, les médecins de la Clinique médicale de Napierville devront trouver une autre solution. Ils pourraient couper des postes, comme celui de l’infirmière et d’une secrétaire. «Dans ce cas, on ne pourrait pas voir autant de patients», précise le Dr Deneault.
Des médecins de la clinique pourraient joindre l’équipe de la Coop santé de Hemmingford, «mais ce serait couper des services à une place pour les offrir ailleurs», pense-t-il.
Enfin, ils pourraient former leur propre coopérative de santé, ce qui leur donnerait droit à une aide financière gouvernementale. Cette solution implique que les patients devront assumer un coût pour être soignés, concède Dr Deneault.
Les médecins sensibilisent les élus
Entretemps, les médecins ont fait des démarches auprès des élus des différents paliers gouvernementaux. Une rencontre s’est tenue en début de semaine avec le député de Huntingdon, Stéphane Billette.
La députée fédérale Brenda Shanahan a aussi été rencontrée. Les médecins doivent rencontrer les élus de Napierville dans une semaine.