Rivière Richelieu: sursis pour les propriétaires de terres agricoles endiguées

Agriculture. Le Syndicat de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Haut-Richelieu salue la décision récente du gouvernement de procéder à une étude de fond pour répertorier les digues protégeant plusieurs terres agricoles de la région.

Aménagées il y a une quarantaine d’années, les digues ne sont pas reconnues par le ministère de l’Environnement, ce qui fait en sorte que des centaines d’hectares sont cartographiées comme étant des zones inondables.

Les propriétaires de terres endiguées doivent donc se conformer au Régime transitoire de gestion des zones inondables, des rives et du littoral. Ce régime encadre les activités pouvant y être effectuées et exige certaines restrictions.

Le ministère de l’Environnement, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), procédera à une documentation pour répertorier et analyser les digues du territoire destinées à contenir l’eau.

Des digues efficaces

Des études seront effectuées sur le terrain afin d’évaluer les caractéristiques écologiques et hydrologiques des terres endiguées. Les digues seront cartographiées pour réévaluer la délimitation exacte du littoral.

« Le ministère se fiait à des cartes topographiques datant de plusieurs années. Les digues existantes n’étaient pas prises en compte, même si leur efficacité est évidente », mentionne le président du Syndicat de l’UPA du Haut-Richelieu, Sébastien Robert.

Le gouvernement considère qu’une terre agricole est inondable si son niveau est plus bas que le littoral d’un cours d’eau. Sur le territoire de la MRC du Haut-Richelieu, 604 km2 de terres agricoles, réparties dans six municipalités, ont été endiguées afin de les protéger contre les crues printanières.

Plusieurs de ces digues ont été construites au début des années 1980, en collaboration avec le ministère de l’Environnement. Elles font obstacle aux hausses du niveau de l’eau pour permettre la culture dans les plaines longeant la rivière du Sud, un affluent de la rivière Richelieu. Elles permettent également de protéger le cours d’eau de l’écoulement provenant des terres.

Les digues ont été construites à l’époque pour favoriser l’agriculture sur des terres agricoles hyper fertiles, mais qui étaient souvent inondées sur une longue période. Ces digues sont étanches et efficaces.

Sébastien Robert

Les terres endiguées sont cultivées par une quarantaine d’agriculteurs. Certaines parcelles de terrain ont été submergées à la suite des précipitations records du printemps 2011. 

« Nous avons reçu beaucoup d’appels de détresse parce que certains producteurs craignent de perdre 75 % de leur superficie cultivable si les digues ne sont pas reconnues par le gouvernement. D’autres cultivateurs, qui font partie de la relève et qui viennent d’acheter une terre à plein prix, craignent de voir la valeur de leur terrain diminuer drastiquement », explique Caroline Charron, conseillère syndicale à l’aménagement au Syndicat de l’UPA du Haut-Richelieu.

Délai de quatre ans

Québec se donne quatre ans pour procéder à l’évaluation des digues. Les propriétaires auront jusqu’en 2027 pour se conformer au Régime transitoire de gestion des zones inondables, des rives et du littoral, s’ils ont l’obligation de le faire.

« Nous sommes très contents que le gouvernement repousse de quatre ans la date à laquelle les agriculteurs devront se conformer au régime transitoire. Nous allons suivre de près les travaux de caractérisation qui seront effectués sur le terrain », dit Mme Charron.

Au fil des ans, la MRC du Haut-Richelieu a envoyé plusieurs requêtes et des rapports documentés au gouvernement afin de faire reconnaître la présence et l’efficacité des digues.

« C’est frustrant parce que personne ne pouvait nous expliquer exactement les raisons pour lesquelles les digues ne répondaient pas au critère de protection des terres. Tout s’est joué dans les derniers mois, à la suite de rencontres avec les cabinets des ministères de l’Environnement et de l’Agriculture », indique Caroline Charron.

La gestion de certaines de ces digues appartient à la MRC du Haut-Richelieu, alors que d’autres sont privées. Entre 2016 et 2020, la MRC a dépensé un peu plus de 1 M$ pour l’entretien, la réparation, la reconstruction et l’amélioration des digues et stations de pompage de la rivière du Sud.

Le président du Syndicat de l’UPA du Haut-Richelieu tient à souligner le soutien de la députée d’Iberville, Audrey Bogemans. « Étant elle-même agricultrice, elle comprend bien les enjeux. Elle nous a permis d’avoir une voix auprès du gouvernement », dit Sébastien Robert.