Saint-Bernard-de-Lacolle: pro et anti immigrants illégaux manifestent à la frontière

ACTUALITÉ – Plus d’une centaine de personnes ont manifesté le 1er juillet sur le chemin Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle. Des membres de différents groupes qui appuient les demandeurs d’asile qui entrent illégalement au pays ou qui s’y opposent étaient sur place.

Parmi ces groupes, on retrouvait plusieurs membres de Storm Alliance, de La Meute et des Templiers, qui militent pour un plus grand contrôle de la frontière. En face d’eux, des représentants du groupe Solidarité sans frontières et des citoyens de la région réclamaient quant à eux une plus grande ouverture des frontières aux demandeurs d’asile.

Environ 25 policiers de la Gendarmerie royale du Canada et de la Sûreté du Québec surveillaient le déroulement de la manifestation.  

C’est le groupe Storm Alliance qui a organisé cet événement. «On est un regroupement de citoyens qui militent pour protéger la Charte canadienne des droits et libertés, explique son coprésident et fondateur, Dave Tregget. Ce ne sont pas les gens qui cherchent asile qu’on vise, mais on veut que les lois soient respectées. C’est un devoir que le premier ministre Trudeau a de sécuriser les frontières et on lui demande de prendre ses responsabilités.»

Cette organisation, qui a vu le jour il y a environ six mois, compterait environ 170 membres dans la région de Québec, une quarantaine à Montréal et environ 50 au Saguenay, estime M. Tregget.

M. Tregget critique les politiques du gouvernement fédéral en matière d’immigration. Il estime qu’en ce moment, 85 % de l’immigration est de religion musulmane et réclame une immigration «plus diversifiée».

«On sait que les Libéraux [fédéraux] accordent beaucoup d’importance à l’immigration, mais ils ne le font pas pour sauver le monde, mais pour avoir des votes», pense-t-il.

Le représentant de la région de Québec du groupe La Meute, Jacques Gagné, est du même avis. «On a rien contre l’immigration, mais il faut savoir où on va avec ça, dit-il. [Les gens qui traversent illégalement la frontière] ne quittent pas leur pays parce qu’il y a de la guerre. Ils arrivent des États-Unis et viennent peut-être ici pour profiter de notre système.» Selon M. Gagné, son groupe compterait plus de 40 000 membres répartis dans tout le Québec.

Opposants

De l’autre côté, plus d’une cinquantaine de manifestants étaient présents pour dénoncer ce rassemblement organisé par Storm Alliance. Des jeunes, des familles, des aînés et des gens de différentes origines scandaient des slogans pour dénoncer le racisme et invitant les immigrants et les réfugiés à entrer au Canada.

«On ne peut pas tolérer des gens qui intimident les réfugiés et qui tentent de les diaboliser, explique Jaggi Singh, membre de Solidarité sans frontières.» M. Singh reproche à Storm Alliance et à La Meute d’être racistes et de tenir les réfugiés responsables de problèmes systémiques qui les forcent à agir dans l’illégalité pour pouvoir demander asile au Canada.

Il fait ici référence à l’entente sur les tiers pays sûrs qui lie le Canada et les États-Unis et qui est en vigueur depuis 2004. En vertu de cette entente, les demandeurs d’asile sont obligés de faire leur demande dans le premier pays sûr où ils arrivent. Cependant, la majorité craint de voir leur demande refusée aux États-Unis et tente leur chance au Canada. S’ils font leur demande en passant par un poste douanier, ils vont nécessairement être refoulés et invités à la présenter chez nos voisins du sud. Leur seule chance de revendiquer le statut de réfugié au Canada est d’entrer illégalement par des points de passage non contrôlés.

Témoignage

«C’est très important d’accueillir les gens qui cherchent refuge au Canada, pense Wendy Ayotte, une résidente de Havelock venue manifester en faveur de l’ouverture des frontières aux demandeurs d’asile. Ils ne sont plus en sécurité aux États-Unis. C’est pour ça qu’ils viennent ici. Ils ne peuvent pas aller ailleurs.»

«Je suis moi-même une immigrée de l’Angleterre, mais je viens de l’Allemagne, affirme Grace Bubeck, une autre résidente de Havelock venue manifester. Je connais le libre mouvement en Europe et quand je suis venu ici, j’ai dû demander le statut de résidente permanente. Je me considère chanceuse parce que je venais d’un pays européen, donc ça n’a pas été trop difficile.»