Sainte-Clotilde: Sarah Mayville-Hubert, maman solo par choix

Maternité. Sarah Mayville-Hubert est enceinte de 38 semaines et devrait accoucher d’un premier enfant d’un jour à l’autre. La concrétisation d’un vieux rêve pour cette femme de 35 ans qui a opté pour la soloparentalité.

La résidante de Sainte-Clotilde a reçu un diagnostic d’infertilité appelé le syndrome des ovaires polykystiques, en 2016, mais a refusé de baisser les bras pour autant. Elle désirait être mère et était prête à tous les sacrifices pour y arriver.

« J’entendais m’inscrire à une clinique de fertilité, à l’âge de 30 ans, si j’étais encore toute seule. J’ai finalement attendu jusqu’à 33 ans avant d’envoyer mon dossier, après plusieurs années de réflexion et beaucoup de recherche sur le sujet », indique-t-elle.

Cliniques de fertilité

La jeune femme a commencé ses démarches à la fin de 2019 au Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) et l’a complétée chez Miacleo, une clinique privée de Greenfield Park.

« J’ai préféré recourir à un donneur inconnu plutôt qu’à un donneur de ma connaissance, car j’avais des réticences quant à la suite des choses », précise-t-elle.

Sarah a dû changer de donneur à cinq reprises en raison d’une pénurie de volontaires. Elle aurait également pu s’en tenir à un seul et même donneur, mais le processus risquait de s’allonger indûment.

« J’ai choisi une personne de type caucasien (Américain de race blanche) ayant des traits miliaires à ceux des membres de ma famille », ajoute-t-elle.

-Au-delà de la simple apparence physique, la future mère tenait par-dessus tout à transiger avec un donneur ouvert, disposé à ce que son enfant ait le loisir de prendre contact avec lui à sa majorité.

« J’ai tenté de mettre à la place de l’enfant. Si j’étais née de l’insémination artificielle, en aurais-je voulu à ma mère si elle avait opté pour un donneur anonyme ? »

Sarah aura finalement dû patienter près d’un an avant de tomber enceinte et a par ailleurs fait une fausse couche en début de parcours.

« Je n’ai pas eu un parcours hyper facile. Le premier trimestre de ma grossesse a été compliqué alors que le deuxième s’est déroulé comme dans un rêve. J’ai bien eu quelques inconforts au troisième trimestre, mais rien de majeur », résume-t-elle.

Les parrains du futur nouveau-né sont déjà choisis et les démarches au sujet d’une éventuelle tutelle sont déjà complétées.

« Si je devais décéder prématurément, mon enfant n’irait pas la DPJ, me suis-je dit. »

Un choix assumé

Sarah Mayville-Hubert n’est pas la seule femme à avoir choisi la soloparentalité. Elle fait notamment partie d’un groupe de mamans solos regroupant un millier de femmes de la grande région de Montréal.

Notre interlocutrice a également tenu à partager son périple avec la communauté TikTolk (plus de 5600 abonnés la suivent) et celle d’Instagram (près de 1500 abonnés). Elle a par ailleurs accordé des entrevues au journal Metro et au magazine Véro, en plus d’assister à un podcast audio, une émission YouTube et, plus récemment, un balado YouTube.

« Ma mission a toujours été de parler sans tabou de mon histoire, afin de faire tomber les jugements. Il y a encore beaucoup de tabous sur la soloparentalité et nous sommes très peu (quatre ou cinq peut-être) à en parler ouvertement dans les médias », explique-t-elle.

Cette dernière reconnaît qu’il n’est pas facile « pour une femme de son âge » de rencontrer quelqu’un, « tout spécialement quand on est malade et infertile ». Elle constate également que certains hommes ont déjà leurs petites habitudes et ne veulent pas d’enfant. Voilà pourquoi elle a préféré l’insémination artificielle avec donneur.

« Il n’a pas été facile de vendre l’idée à mes connaissances et je n’ai pas toujours eu l’appui de mes proches. Certains membres des générations précédentes sont encore pratiquants et peuvent avoir des réticences au sujet de la soloparentalité, tout spécialement s’il leur manque des détails sur le sérieux de cette démarche », poursuit-elle.

Et les commentaires désobligeants ne manquent pas. « C’est égoïste de faire un enfant seul », disent certains. « Ton enfant va se chercher toute sa vie, faute de père », ajoutent les autres.

« À ceux qui pensent que mon enfant pourrait souffrir de l’absence d’un père, je m’empresse de répondre qu’il sera entouré d’autres modèles masculins. Son parrain et son grand-père pourront notmment lui servir d’exemples », mentionne la future mère.

La principale intéressée reconnaît que ce modèle de vie ne convient pas à tout le monde, mais affirme qu’elle n’a jamais craint le jugement d’autrui et assume pleinement son choix.

« Je suis consciente que ça ne sera pas toujours facile, que ça demandera peut-être plus d’énergie et que je devrai sans cesse relever de nouveaux défis. Mais, ce rôle de maman, j’y ai rêve toute ma vie et je suis prête à l’accomplir, peu importe les barrières qui se poseront à travers mon chemin (…) Si c’était à recommencer, je le referais sans l’ombre d’un doute et ce bien avant », conclut-elle.