Sortir du désert numérique

Des citoyens de Saint-Georges-de-Clarenceville ont mis sur pied une coopérative pour relier 431 résidences, situées sur le bord du lac Champlain, à un réseau de fibre optique, dès janvier 2015. Objectif: connecter leur communauté au reste du monde. «Je suis tanné d’être obligé de sortir le soir quand il neige pour balayer ma soucoupe!», explique Gérald Grenon, président de la coop. Pour la mairesse de la municipalité, Renée Rouleau, «l’accès à Internet haute vitesse, c’est vital».

La coopérative a pour objectif la construction d’un réseau de télécommunication par fibre optique, qui permettrait aux citoyens d’avoir accès à Internet haute vitesse, à la télévision numérique et au téléphone IP.  La coopérative devra compter au moins 250 membres d’ici au 31mars, pour que ce projet de près de 900 000$ voit le jour.

La Coopérative de télécommunication de Saint-Georges-de-Clarenceville et région est officiellement constituée depuis l’été 2012.  Son conseil d’administration (CA) compte six membres, dont Gérald Grenon, qui en est le président.  Selon lui, la communauté doit pouvoir bénéficier d’un service de télécommunication efficace, ce qui n’est pas le cas présentement. 

Plusieurs résidents n’ont pas accès à Internet.  La présence de nombreux arbres empêche une bonne transmission du signal.  Souvent, le signal ne se rend pas jusqu’au récepteur, s’il est situé sur la maison.  Les citoyens doivent alors installer leur récepteur sur un poteau situé dans la cour arrière ou encore sur le toit de la maison.  «Il faut être débrouillard et des fois, ça flanche», explique Renée Rouleau, la mairesse de la municipalité. 

Projet

Le projet consiste à relier 431 résidences, situées sur le bord du lac Champlain, à un réseau de fibre optique, dès janvier 2015.  Étant donné le coût élevé de la fibre optique, 110 autres résidences, situées dans le secteur rural, pourraient recevoir leur signal depuis une antenne Wi-max. 

Selon M. Grenon, les avantages de ce projet sont nombreux.  Le modèle coopératif assure à chaque membre un pouvoir égal, où chacun possède un vote et peut donc participer à la prise de décision.  Tous les membres deviennent propriétaire et leur responsabilité financière se limite à leur part sociale, qui a été fixée à 100$.

Les citoyens n’auraient qu’une seule facture à payer pour les trois services.  D’après un scénario de la coopérative, les coûts seraient beaucoup moins élevés que ce que les résidents payent présentement.

Selon lui, la venue d’un réseau de télécommunication par fibre optique peut favoriser la revitalisation de la municipalité, augmenter la valeur marchande des résidences et permettre aux élèves d’avoir accès à Internet à l’école.

Montage financier

Les membres du CA de la coopérative ont établi un plan d’action.  Ils ont d’abord fait le choix de la technologie de la fibre optique, qui, bien que plus coûteuse, est celle qui sera la plus fiable à long terme selon eux.  «Il y a de 2 000$ à 3 000$ de différence du kilomètre par rapport au coaxial, explique M. Grenon, mais c’est bon pour des décennies à venir.»

Selon le montage financier, la plus grande part des revenus pour financer ce projet, soit environ 423 000$, proviendrait du programme Communautés rurales branchées, du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire.  La demande a été déposée au ministère le 17 février et fait présentement l’objet d’une étude.  Le verdict sera connu vers la mi-mars. 

«L’accès à Internet haute vitesse, c’est vital pour Saint-Georges-de-Clarenceville», explique Renée Rouleau, la mairesse de la municipalité qui, comme plusieurs autres acteurs de la région, supportent cette initiative citoyenne.  Ce projet est perçu comme un outil de développement économique, mais surtout comme un service essentiel. 

La municipalité a investi 5 000$ pour l’élaboration du plan d’affaires.  Mme Rouleau s’engage à aider la coopérative à prendre son envol.  «C’est comme une plante.  Il faut que tu l’arroses et que tu lui donnes du soleil.  C’est ça qu’on fait.»

Mme Rouleau y voit un outil de développement pour sa municipalité, qui compte 1 100 habitants permanents et environ 1 300 villégiateurs, selon ses dires.  «Il y a une partie des villégiateurs qui voudraient s’établir à long terme, explique-t-elle, mais la condition, c’est d’avoir accès à Internet haute vitesse.  Les gens veulent pouvoir travailler à distance et vivre à la campagne.»

Selon elle, les enfants de l’école du Petit Clocher tireraient profit d’un accès à Internet.  «Même les fermiers font beaucoup de travail sur Internet», explique-t-elle.

«C’est vital pour l’économie de la communauté.  C’est à but non lucratif et l’intérêt du citoyen est au premier plan», estime Mme Rouleau 

Partenaires

D’autres organisations, comme le Conseil économique du Haut-Richelieu (CLD) et la Coopérative de développement régional de la Montérégie (CDR), accompagnent la jeune coopérative de Saint-Georges-de-Clarenceville.  «On appuie les initiatives comme ça, quand des citoyens portent des projets structurants, explique Josée Brunet, gestionnaire en économie sociale au CLD.  Les gens se sont pris en main.»

Selon Jennifer Crawford, qui est agente de développement rural au CLD, les coopératives ont un taux de survie intéressant.  Ce type d’entreprise permet d’offrir des services de proximité quand il n’y en a pas.

Une rencontre d’information offerte par le CA de la coopérative s’est déjà tenue.  Une cinquantaine de personnes y ont assisté.  À l’issue de cette séance, une dizaine de personnes ont adhéré à la coopérative et une trentaine d’autres ont signé une lettre d’intention.  «Les gens se montraient intéressés à avoir plusieurs services, explique Mme Brunet.  Les gens sont très favorables!»

Le projet en bref

-Un réseau de 28 km de fibre optique

-Coût de la fibre optique: 18 800$ du kilomètre

-431 résidences desservies dès janvier 2015

-110 résidences desservies par une antenne Wi-max à moyen terme

-Objectif : obtenir l’adhésion de 250 membres avant le 31 mars