Stratégie québécoise sur les pesticides: accueil mitigé des agriculteurs
Agriculture – Le ministère de l’Environnement a récemment présenté la «Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018». De nouvelles contraintes pourraient être imposées aux agriculteurs pour réduire l’utilisation des pesticides. Ces derniers veulent faire partie de la solution, mais réclament de l’aide concrète de la part du gouvernement.
La stratégie proposée repose sur trois actions: la modernisation de la Loi sur les pesticides, la modification du Code de gestion des pesticides et la responsabilisation des utilisateurs de pesticides.
Le ministère souhaite intégrer les semences enrobées de pesticides dans la Loi sur les pesticides. À l’heure actuelle, elles ne sont pas comptabilisées comme un pesticide. Il veut aussi instaurer un système d’amendes pour les contrevenants. Un projet de loi devrait être déposé à l’hiver 2016.
Le gouvernement veut également modifier le Code de gestion des pesticides en réduisant l’usage des produits nocifs en milieu agricole, dont les néonicotinoïdes.
Ces insecticides seraient responsables du déclin des populations d’abeilles. Il est proposé que l’utilisation de ces produits soit préalablement recommandée par un agronome. Un projet de modification réglementaire doit être déposé à cet effet à l’automne 2016.
Le ministère de l’Environnement souhaite aussi responsabiliser les utilisateurs de pesticides en appliquant le concept de pollueur-payeur. Un document d’orientation sur les incitatifs économiques doit être publié à l’été 2016.
Réaction
Les agriculteurs sont de plus en plus conscients des impacts de l’utilisation des pesticides sur l’environnement. Ils souhaitent faire leur part, mais ils réclament l’appui du gouvernement.
Ceux-ci devront réduire l’utilisation des pesticides, mais qu’adviendra-t-il si leurs récoltes sont endommagées? Est-ce que les consommateurs vont continuer d’acheter leurs produits? Si les producteurs doivent utiliser des produits plus respectueux de l’environnement, mais plus dispendieux, est-ce que leurs prix seront concurrentiels face aux produits d’autres provinces ou pays où les lois environnementales ne sont pas aussi restrictives? Pour l’instant, ces questions demeurent sans réponse.
«On comprend l’idée de base, mais l’aide aux producteurs n’est pas là, soutient Jérémie Letellier, un producteur de grandes cultures à Saint-Cyprien-de-Napierville. Il y a seulement des mesures coercitives qui sont mises en place. On nous impose des choses, mais on ne nous compense pas.»
Méthodes alternatives
Des solutions existent pour réduire la quantité de pesticides utilisée dans l’agriculture. Le principal mandat du Pôle d’excellence en lutte intégrée (PELI), basé au CLD des Jardins-de-Napierville, est de faire connaître les outils de lutte intégrée.
«Les agronomes et les conseillers n’ont pas toutes les informations sur les outils de lutte intégrée, explique Élaine Grignon, coordonnatrice du PELI. Mon but est de diffuser cela à la grandeur de la province.»
Mme Grignon accueille favorablement la stratégie provinciale de réduction des pesticides dans l’agriculture. Elle croit cependant que le gouvernement devra soutenir le développement des méthodes alternatives. «Est-ce que les compagnies qui fabriquent des produits de substitution vont en avoir suffisamment pour répondre à la demande? questionne-t-elle. Si on enlève le chimique, ça prend des méthodes de substitution, mais elles ne sont pas toujours disponibles. Ça nécessite de la recherche et du développement. On doit aussi soutenir les groupes qui font la valorisation et la promotion de ces alternatives.»