Un drone à l’assaut des ennemis des cultures

AGRICULTURE – Un drone qui relâche de minuscules guêpes dans les champs pour lutter contre un papillon de nuit qui ravage le maïs sucré. Cette technologie de pointe fait partie des innovations présentées par le Pôle d’excellence en lutte intégrée (PELI), lors de la 3e édition de son événement portes ouvertes, le 26 juillet.

Le lâcher des guêpes appelées trichogrammes s’est fait en après-midi au-dessus d’une terre des Maraîchers Bec sucré à Saint-Isidore. Cette guêpe peut remplacer les insecticides chimiques pour lutter contre la pyrale du maïs, un papillon dont la chenille ravage les plants de maïs sucré.

Les participants étaient tenus à bonne distance, de l’autre côté du rang, pour observer le travail du drone qui survolait le champ de maïs.

C’est l’entreprise montréalaise Canopée, spécialisée dans l’utilisation de drones en agriculture, qui a développé une technique pour relâcher les trichogrammes en vrac au-dessus des champs de maïs.

Canopée a reçu une bourse de 25 000$ pour développer un système d’épandage avec l’École de technologie supérieure. Ce système est placé sur un drone, guidé par un système GPS. Il survole chaque rangée du champ à environ 10 m d’altitude et largue des milliers de trichogrammes (préalablement mélangés à de la vermiculite pour leur donner du poids) à des endroits désignés.

Le drone lui-même, d’une valeur d’environ 5000$, est muni d’une batterie dont l’autonomie est d’environ 15 minutes. Il possède plusieurs caméras qui permettent d’enregistrer les lâchers.

Selon Frédéric Jean, cofondateur de Canopée, cette technique présente de nombreux avantages. «L’application au champ se fait plus rapidement, dit-il. C’est souvent difficile d’engager suffisamment de personnes pour accrocher les trichocartes [des petites cartes sur lesquelles les guêpes sont collées]. Le drone peut travailler de nuit et ça peut se faire même quand c’est humide.»

Ce projet de recherche a démarré en avril 2016 et les premiers tests ont été réalisés l’été dernier. Les travaux en laboratoire devront se poursuivre pour améliorer cette technique avant qu’elle ne soit commercialisée à grande échelle.

Pour sa part, l’utilisation de trichocartes est simple, mais s’applique davantage aux petites surfaces. «Un enfant peut mettre les trichocartes au champ, explique Mylène Saint-Onge, directrice scientifique chez Anatis Bioprotection, une entreprise de Saint-Jacques-le-Mineur qui produit les trichocartes. Ça prend environ 30 minutes par hectare pour les installer.»

Les trichogrammes

Les trichogrammes sont utilisés en agriculture depuis une vingtaine d’années au Québec. Ces guêpes mesurant moins de 1 mm sont introduites dans les champs à l’aide de petites cartes (les trichocartes) sur lesquelles leurs œufs sont collés. Les cartes sont accrochées sur les plants de maïs.

Au bout d’un à deux jours, les œufs éclosent et libèrent les guêpes. Les femelles trichogrammes partent aussitôt à la recherche d’œufs de pyrale pour y pondre leurs propres œufs.

Le développement des larves de trichogrammes, à l’intérieur des œufs de papillons, empêche le développement des chenilles qui s’attaquent aux plantes.

Autres ateliers

Dans le cadre de cette porte ouverte du Pôle d’excellence en lutte intégrée, une soixantaine de participants ont visité différentes fermes de la région pour observer les méthodes utilisées par les agriculteurs d’ici pour réduire leur utilisation des pesticides. Gestion des mauvaises herbes résistantes aux herbicides, démonstration d’installation de filets pour protéger les cultures et plantation de fleurs pour attirer les ennemis naturels de chenilles qui nuisent aux crucifères font partie des nombreux ateliers présentés.