Vente de vin québécois en épicerie: Yvan Quirion formule quatre demandes

VIN – À titre de président de l’Association des vignerons du Québec (AVQ), le propriétaire du vignoble Saint-Jacques à Saint-Jacques-le-Mineur, Yvan Quirion, a formulé quatre demandes pour favoriser l’essor de l’industrie du vin québécois, lors de son passage en commission parlementaire, le 11 février.

Yvan Quirion a présenté la position de l’AVQ aux élus de l’Assemblée nationale dans le cadre de la commission parlementaire portant sur le projet de loi 88. Celui-ci autoriserait notamment la vente des vins québécois dans les épiceries et les dépanneurs.

L’AVQ réclame du gouvernement que les vignerons puissent indiquer le cépage (type de raisin) et le millésime (l’année de récolte) sur les étiquettes des vins vendus en épicerie, pour que les consommateurs apprennent à reconnaître la spécificité des vins québécois.

M. Quirion demande aussi que le projet de loi prévoie une garantie de qualité et de traçabilité du vin québécois.

Les vignerons québécois requièrent qu’on leur permette de faire appel à un transporteur indépendant pour livrer leurs produits du vignoble vers les points de vente.

Actuellement, la loi prévoit que le vigneron doit le faire lui-même. «De mai à décembre, les vignerons sont occupés dans les champs et à vinifier», explique M. Quirion.

L’AVQ demande aussi une mesure d’aide permanente pour les vignerons qui vendent leurs produits à la Société des alcools du Québec (SAQ). Cela leur permettrait de mieux faire face aux concurrents étrangers subventionnés.    

SAQ

Même si le projet de loi 88 autorise les vignerons québécois à vendre leurs produits dans les épiceries, M. Quirion estime que les vins du Québec doivent absolument être présents à la SAQ. Il en va de l’image de nos produits, croit-il.

«Si on est seulement dans les épiceries, on va nous ramener au niveau du vin de dépanneur, dit M. Quirion. La perception qu’on va en avoir va être ultra négative.»  

La vente directe en épicerie permettra aux petits vignobles ou ceux qui débutent leur production de se familiariser avec la commercialisation de leurs produits pour éventuellement se développer en plus grand volume à la SAQ, pense M. Quirion.

La présence à la SAQ incite les vignerons d’ici à offrir un vin de grande qualité et à favoriser le développement de cette industrie à long terme, poursuit-il.

«La SAQ est l’acheteur le plus exigeant du monde, explique-t-il. L’avenir du vignoble québécois passe par trois choses: la qualité, la qualité et la qualité. Les vignerons d’ici sont condamnés à prendre le virage qualitatif. Ceux qui ne le feront pas seront fermés d’ici cinq ans.»   

L’AVQ a déposé une demande en décembre 2014 pour obtenir une appellation d’indication géographique protégée «Vin du Québec».

Si cette demande est acceptée, les vins québécois devront passer à travers toute une série de contrôles externes pour obtenir ce sceau d’authenticité et de qualité.

Retombées

Le développement de l’industrie du vin au Québec pourrait entraîner des retombées économiques très importantes pour les régions où l’on fait pousser la vigne et on où l’on produit du vin, avise Yvan Quirion.

Le propriétaire du vignoble Saint-Jacques, à Saint-Jacques-le-Mineur, avance qu’une bouteille de vin québécois rapporte 31$ en retombées directes. «Chaque bouteille de vin produite au Québec rapporte entre six et sept fois plus de retombées directes que les vins étrangers», dit-il.

M. Quirion estime que la production de 5000 bouteilles de vin québécois permet de créer un emploi direct et trois à quatre emplois indirects.

Un hectare de vigne permet la production de quelque 9000 bouteilles de vin. «Essayons d’imaginer les retombées économiques juste pour les Jardins-de-Napierville, poursuit M. Quirion. Si on développait les vignobles de la région, ça pourrait amener plusieurs touristes, puis des auberges, des boulangeries, etc. Ces gens mangeraient dans les restaurants, achèteraient de l’essence dans les stations-service de la région. On verrait peut-être même apparaitre une microbrasserie. Des entreprises du coin pourraient vendre des pieds de vigne et de la machinerie. L’impact serait majeur pour l’économie de la région.»