Usine Thomas & Betts: une fonderie au cœur du Saint-Rémi industriel

ACTUALITÉ – L’aspect propret de l’usine située rue Notre-Dame, à Saint-Rémi, ne laisse pas présager ce que l’on trouve à l’intérieur: des machines, du bruit, de la vibration, de la chaleur et des travailleurs qui triment dur. En 2018, cela fera 70 ans que la fonderie se trouve à cette adresse. Son directeur, Yvon Demers, nous fait visiter les lieux.

À lire aussi: Normand Lussier fête 50 ans de service: un témoin de l’évolution de la fonderie de Saint-Rémi

L’été, la température peut atteindre les 30 degrés Celsius à l’intérieur de l’usine, explique M. Demers, directeur de l’usine. Il faut dire que les fours chauffent l’aluminium à une température de 750 degrés Celsius, pour le liquéfier.

Dans cette fonderie, on fabrique des composantes en aluminium qui sont utilisées dans des réseaux électriques de grandes dimensions. Les pièces ainsi moulées sont principalement des connecteurs, un peu comme ce que l’on retrouve au bout de notre câble de télévision, mais d’un diamètre de 10 cm (4 pouces). Ces connecteurs sont utilisés dans le secteur industriel, principalement dans les mines ou encore sur les plateformes pétrolières.

Ce qui nous frappe en entrant dans la fonderie, c’est le niveau de sécurité. On doit d’abord mettre un embout d’acier à nos chaussures, porter des lunettes de protection et des bouchons dans les oreilles.

Bien que les machines soient très bruyantes, il y règne un certain calme. Les employés ne travaillent pas à la hâte, mais plutôt dans un rythme régulier, comme une chorégraphie, chacun à son poste.

«On met beaucoup d’emphase sur la santé et la sécurité parce qu’on tient à nos travailleurs.»

-Yvon Demers, directeur de la fonderie Thomas & Betts

Fonctionnement

Au fond de l’usine, on retrouve les mouleurs. Six hommes fabriquent des moules en sable noir dans lesquels le couleur versera l’aluminium liquide. Les mouleurs actionnent une manette qui permet libérer du sable qui tombe d’une chute située au-dessus de leur tête. Ce sable est tamisé et pressé à l’intérieur d’un boîtier en bois au centre duquel on a placé une plaque de métal. Les motifs que l’on retrouve sur cette plaque formeront des cavités où l’aluminium sera versé. Chacun des six mouleurs fabrique ainsi jusqu’à 140 moules par jour.

Les mouleurs prennent à peine quelques minutes pour fabriquer chaque moule. Ces derniers sont ensuite déposés sur un convoyeur, puis dirigés vers le couleur, qui verse une énorme louche d’aluminium en fusion à l’intérieur.

L’aluminium fige au bout de huit à dix minutes, après quoi, un employé brise le moule de sable au-dessus d’un tamis pour en extraire les pièces. Le sable est ensuite récupéré grâce à un convoyeur et il sera à nouveau utilisé pour faire d’autres moules.

Une fois refroidies, ces pièces d’aluminium sont détachées les unes des autres et sablées, avant d’être envoyées à l’usine de Thomas & Betts, à Saint-Jean-sur-Richelieu, où elles seront usinées et filées.

Marché

Les lingots d’aluminium qui sont fondus à Saint-Rémi proviennent d’une aluminerie à Beauharnois. Au final, 95 % des pièces qui sont ainsi coulées sont acheminées à l’usine de Saint-Jean. «C’est une fonderie captive, explique M. Demers. Tout le stock est acheté par cette autre division de Thomas & Betts.»

On compte de moins en moins de fonderies au Québec et dans le monde, rappelle M. Demers. D’ailleurs, la fonderie de Saint-Rémi est la seule que possède Thomas & Betts, en Amérique du Nord.

«Aujourd’hui, la compétition vient de l’Inde et de la Chine, précise M. Demers. Il faut rester bon et efficace. À Saint-Rémi, on est flexible et c’est proche de Saint-Jean. On peut se revirer de bord facilement et la livraison est rapide.»

La fonderie en chiffres

  • Une fonderie, propriété de Marcel Toupin, s’installe sur le site actuel en 1948. Elle porte alors le nom de The Century Aluminium Work.
  • L’usine a une superficie de 880 mètres carrés (9500 pieds carrés).
  • Elle emploie une vingtaine de travailleurs, dont quelques femmes.
  • Les lingots d’aluminium sont fondus dans deux fours électriques d’une capacité de 760 kg chacun.
  • On y coule environ 250 000 kg d’aluminium par année.